» La vraie mélancolie, c’est quand la vie vous manque alors que vous l’avez encore. « Jacques Dor

 

 

 » La vraie mélancolie, c’est quand la vie vous manque alors que vous l’avez encore. « 

Jacques Dor


Cette route, Sophie n’aurait jamais imaginé avoir un jour à l’emprunter, d’ailleurs elle ne se trouvait répertoriée sur aucune carte en sa possession.

Dans la vie, Sophie savait ce qu’elle voulait et surtout ce qu’elle ne voulait pas, enfin jusqu’à ce jour où une force inconnue la poussa tout de go sur cette route.
Cette route ! Pourquoi maintenant. Pourquoi pas hier ou demain ?
Elle n’avait rien vu venir, cette poussée dans le dos, cette grande claque ; la surprise fut totale.
De fait, elle se retrouvait au sol sous la violence du choc.
Un peu étourdie elle rassembla ses idées et quelques effets tombés lors de la chute.

Sophie n’en revenait pas ! Mais fallait-il en revenir, et le pourrait-elle s’il lui en prenait l’envie ?

Après tout ce n’était pas de son choix de se retrouver sur cette route isolée.

Sophie examina ses jambes, ses bras, ses mains… heureusement tout semblait fonctionner normalement
Un peu soulagée sur ce point, elle porta son attention autour d’elle.

Ce qu’elle pensait d’abord être une route n’était autre qu’un grand chemin bitumé, mais sans les traces habituelles des routes fréquentées.
L’état parfait de la chaussée tranchait avec les talus pentus jalonnés de buissons d’aubépine en fleurs.
Un fossé faisait office de séparation.
Un petit vent léger et une tiédeur de fin de printemps ramenaient des champs alentours les fragrances légères d’herbe fraichement coupée.

Suis-je dans un rêve ?

Le jour commençait à descendre, les grands arbres allongeaient leurs branches comme pour saisir Sophie et la soulever de terre. Sophie décida de se mettre en route. Elle trouvera bien un carrefour, une intersection, peut-être même une habitation avec des gens pour la renseigner.

Afin d’avoir une idée de l’heure, Sophie se fixait sur la position du soleil, les couleurs changeantes sur la végétation, les ombres portées.
Bientôt toute la terre prendrait l’or du Magnificat avant de plonger dans le bleu.
Sophie savait qu’il fallait faire vite.
Elle ne se voyait pas seule sur cette route, bientôt recouverte par la nuit profonde, avec la peur du noir qui remonterait sur le cœur du loin de l’enfance.

Elle devait bien marcher depuis deux heures maintenant et bien que la chaleur n’était pas accablante, Sophie avait la gorge sèche ; il lui fallait trouver de l’eau.
À peine cette pensée effleura sa conscience qu’elle perçut la douce musique de l’eau en mouvement.
Sophie se sentait en résonnance avec le monde qui l’entourait. Tout lui disait l’essentiel, ce que l’on ne voit pas ou plus dans l’agitation incessante d’un monde sans recul.

Nous pensons écrire le réel quand nous ne faisons que l’épeler.

Sophie plongea ses mains dans l’eau fraîche, rafraîchit ses avant-bras, puis son visage.
Goûta à la vie dans la vie.

Sophie admira le reflet dansant à la surface de l’eau des feuillus environnants.

Elle voulut se mirer dans cette eau à la clarté sortie des limbes, mais son visage n’apparaissait pas plus que la paume de sa main à la recherche de reflets.

Les âmes sont transparentes.
Sophie venait de faire une sortie de corps.

À la minute même où elle comprit, elle réintégra son corps et sentit combien il pesait sur son âme légère.

Sa mélancolie dissipée, elle entra pleinement dans la vie.

 » La vraie mélancolie, c’est quand la vie vous manque alors que vous l’avez encore. « 

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