Dans sa robe de rêve

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Dans sa robe de rêve
La nuit pose déjà
Le renouveau d’une aube
Aux teintes grises et roses

Nos mondes fracturés
C’est à la nuit
Qu’ils se réparent

L’art en catimini
Œuvre à la renaissance
Trop de lumière nuit
Aux prémices de l’éveil.

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Tout un monde derrière la fenêtre

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« Ce qui est arrêté par le destin, nul n’a le pouvoir de le changer.»
Euripide

« Dis-moi ce que tu entends par destin, et je te dirai ce que tu vaux, ce que tu feras, ce que tu deviendras. »
Maurice Maeterlinck

Revers de joies ou antidote de peines, le destin se retrouve dans ces choses qui arrivent sans que nous les ayons provoquées.
Le destin nous compose tout autant que nous composons avec. Nous interagissons donc et collaborons ensemble notre vie durant. S’il nous tient serré, entre lui et nous ce n’est pourtant pas un bras de fer.

Ose ce que tu peux changer, abandonne au destin tout le reste…

Ce qui dépend de nous ne peut nous blesser car nous ne pouvons être dans un même temps le couteau et la plaie.

Elle attend ! Assise derrière la fenêtre, elle attend. Le destin est pour l’heure tout dans cette fenêtre. Deux possibilités, l’ouvrir ou la tenir fermée. Ne rien faire, et laisser la fenêtre close, serait se priver de ce léger courant d’air prêt à venir parcourir sa nuque. Entre la chambre et le jardin, il y a cette fenêtre et la promesse de ce souffle. Rester dans l’attente… C’est confortable l’attente et pas très risqué, mais les opportunités ne se présentent rarement une deuxième fois. Il y a cette promesse de printemps qui arrive du jardin vers la chambre en cette matinée doucement ensoleillée.

Pour sublimer leur chagrin, certains passent par le poème

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De la difficulté de s’exprimer… ou quand les mots n’ont pas le même sens pour tous.

Les mots voyagent du dedans au dehors, mais pour se faire il est parfois plus facile de passer par l’écrit. On dit que les grandes douleurs sont muettes, je crois plutôt qu’elles étouffent leurs cris, bâillonnées qu’elles sont par la bien-pensance, les convenances.

Déjà Sénèque nous dit : «  On a des mots pour dire une peine légère, mais les grandes douleurs ne savent que se taire.  »

Je préfère à cela la phrase de Chateaubriand : « De toutes les nécessités à subir, celle de l’incapacité est la plus insupportable. »

Pour sublimer leur chagrin, certains passent par le poème. Quoi de plus criants que ces quelques vers de Victor Hugo après le départ de sa fille Léopoldine :

« Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. »

La souffrance poétisée ne choque pas le lecteur.

Ce matin, j’ai relu un peu de mon premier cahier, celui commencé quelques jours seulement après ton départ. Cette conversation, sous forme de journal, que l’on peut nommer d’intime, je prenais soin sans vraiment m’en rendre compte de l’édulcorer. Certainement pour ne pas laisser des écrits qui pourraient choquer mes proches s’ils étaient amenés un jour à les lire. Pourtant, je me souviens avoir voulu être dans le vrai et ne rien occulter. Avec le recul, j’ai l’impression que ces écrits n’étaient en rien à la mesure de mon état d’alors. Quand tout mon corps n’était qu’un cri, mon esprit contrôlait et se voulait gardien d’une certaine dignité. Jusqu’au graphisme des lettres qui restait appliqué. Le contrôle une autre façon de se donner le change, de tenir. La même chose pour l’apparence.

On se croit prêt, mais l’est-on jamais ? La renaissance serait tellement plus facile que la continuité. Ceux qui pensent que l’oubli peut aider, se trompent. Ce n’est qu’un pis-aller, un faux semblant, un palliatif, une anesthésie où les flashs qui remontent sont d’autant virulents que non intégrés.

J’ai écrit : Avant la vie était légère , tellement légère, un peu vide alors forcément légère…

Alors j’ai compté : les jours, les mois, les années.

Il y a eu ces années avant ta naissance, et puis celles d’ après toi. Se dire qu’il me faudra peut-être vivre plus d’années au total sans toi que vécues avec toi. C’est ce genre de pensées qui peuvent traverser l’esprit, comme les éclairs traversent le ciel un jour d’orage. Je ne sais pas si tous les parents désenfantés pensent cela. Je n’en ai jamais parlé avec eux. C’est comme un reste de fidélité ou peut-être de culpabilité. Allez savoir !

Pour moi aussi il était dur de vous quitter
Et de quitter la terre et de quitter mon corps
Quand un jour finissait je devais dire « encore »
Un réveil, un matin, du temps pour vous aimer.

 » Ce qui nous sauve, ce sont les ruines de nos antiques confiances » Christian Bobin

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Aux deux extrêmes de la vie… la même fragilité

 » Ce qui nous sauve, ce sont les ruines de nos antiques confiances »
Christian Bobin

Et puis on oublie d’oublier… Est-ce un saut en avant, un retour en arrière ? On ne sait plus très bien à quel moment le point de divergence a laissé le doute s’installer, fissurer la bâtisse pierre à pierre édifiée. Les ombres de notre enfance peuvent revenir hanter notre sommeil, plus de lampe allumée ou de pensée magique pour nous porter secours.

La vie chahute nos certitudes, parfois le fondement même de nos acquis, et cela de façon si subtile que nous n’en voyons pas les transformations, car c’est seulement en surface que les choses se perdent, la vie est de digestion lente.
Il reste heureusement à chaque homme, dans un coin de son cœur, un refuge intérieur, une grâce première qui perdure et protège le socle même du sens qu’il veut donner à sa raison d’être. C’est aux deux extrêmes de la vie, que sont l’enfance et la vieillesse, et qui se rejoignent toujours, que la confiance de l’une pourrait se perdre dans l’autre, noyée dans une même et légitime peur de la mort, tant et tant de fois balayée, évacuée d’un revers de main.

Certes à cinq, six, sept ans, il est plus facile de se réfugier dans son monde. La stratégie est bonne pour échapper à tous les dangers. C’est à l’heure du lâcher-prise, quand Morphée vient nous chercher, que notre cerveau devient expert en la matière. Plus tard quand ces murs porteurs, que sont les parents, ne sont plus, on se dit que la vocation du noir doit être de capter la lumière et on se souvient de ces mains rassurantes, douces et chaudes, qui posées sur notre front en chassaient les ombres et autres fantômes imaginaires.

Éternel est cet amour

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Indicible est cet amour
Ce fruit d’un jardin secret
Qui est sans avoir été
Qui vit sans sa fleur éclose.

Inaudible est cet amour
Dont la voix n’est que l’écho
D’un cœur refermé qui bat
Sur lui-même en vase clos.

Invisible est cet amour
Émergé, sorti d’un rêve
Éclairé par sa nuit même
Évanoui avec le jour.

Éternel est cet amour
Qui se nourrit à sa source
Qui voyage avec les ailes
D’un messager au long cours.

À portée de main

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À portée de main
La feuille immaculée
À portée de main
La plume et l’encrier

Encrer sa destinée
Indélébile erreur
Tatoués sont les jours
Ne pouvoir effacer
Retracer à la mine
Au tendre du graphite
Les chemins parallèles

Quand la saison demeure
L’ultime est à la porte

À portée de main
Taillader l’horizon
Recréer des lointains
Voilà mille raisons
De choisir le crayon.

Mon amour est libre et me survivra

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Ne rien en soustraire
Ne rien ajouter
Le temps contracté
Ne peut s’absenter
Battre la mesure
Jusqu’à la blessure
Et la démesure
La grâce première
De la belle amour
Rien n’est à prouver
Tout est à garder
La beauté sauvage
La virginité
Des îles aux rivages
Inhospitaliers
Ne rien en soustraire
Ne rien ajouter
Puisqu’il me dépasse
Mon amour est libre
Et me survivra.