Haïku

Juin 2015 vacances Palavas 006

 

C’est en remontant

Le gouffre de tous les manques

Que la lumière pleut

 

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 » Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable. » Romain Gary

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Faire le deuil du temps qui reste revient à mourir avant l’heure. C’est dire non à l’imprévisible, à l’inattendu, à l’inespéré. S’allonger dans un cercueil ouvert, et si étroit qu’on ne peut plus en bouger ; une camisole de peur, d’ennui, de lassitude.

 » Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable. »

Romain Gary

Gardons-nous de feuilleter le catalogue des âges qui divise nos vies en périodes. La fin n’est pas un but au passage obligé par une non vie avant l’heure.

 » Il n’y a pas de fin. Il n’y a pas de début. il n’y a que la passion infinie de la vie. »

Federico Fellini

La vulnérabilité que l’on attribue à l’âge tient plus de la représentation que nous en donnons que de la réalité. Le petit enfant est tout aussi vulnérable, l’adolescent qui se cherche, l’adulte malade.

Il ne s’agit donc pas de recommencer ou de continuer, mais de commencer. Chaque jour, à lui seul, devrait se vivre comme une vie complète, pleine d’ailleurs, d’espaces de liberté, une vie vierge des schémas d’un passé dépassé, tout autant que de ces projections sur un demain qui n’existe pas encore.

Ce n’est pas que la vie me fasse peur ; c’est la non vie dans la vie qui me désespère.

Mon âme qu’avais-tu besoin de ces tourments…

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Elle a tissé des liens en remontant le temps

Mon âme qu’avais-tu besoin de ces tourments

En brisant le miroir tu brises le carcan

Ta bulle protectrice, un refuge au présent.

 

De ce corps épuisé étais-tu prisonnière

Au point de faire voler en éclats ses barrières

De quelles incarnations ces sentiments fiévreux

Ces désirs aveuglants montent jusqu’à tes yeux.

 

Ton corps résiste encore assailli par la crainte

Vois dans cette expérience de ton karma l’empreinte

Laissée par d’autres vies. L’héritage d’un passé

Dont le corps se souvient… dont l’esprit s’est bercé.

 

De ces forces de vie, ces élans, ces promesses

Jusqu’alors inconnus… laissant l’esprit perplexe

Dans quelle paralysie libre arbitre en paresse

Dans quelle dichotomie se débat ta sagesse ?

 

Mon âme qu’avais-tu besoin de ces tourments…

Dans cette petite mort sentir ton corps vivant.

Il ne faut pas craindre de retirer de la nuit à la nuit.

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 » La nourrice.

La nuit ! C’était la nuit ! Et tu veux me faire croire que tu as été te promener, menteuse ! D’où viens-tu ?

Antigone , a un étrange sourire.

C’est vrai, c’était encore la nuit. Et il n’y avait que moi dans toute la campagne à penser que c’était le matin. C’est merveilleux, nourrice. J’ai cru au jour la première aujourd’hui »

Antigone Jean Anouilh

Il ne faut pas craindre de retirer de la nuit à la nuit. Si peu à chaque fois, avec la ténacité du temps. L’usure est une obstination.

Déblayer, creuser, remplir, combler…  de cet abîme qu’est le manque, c’est l’amour qui le sonde et le comble le mieux. Faire de la joie le possible d’un autre manque, même si pour cela il nous faut retrouver l’acharnement de l’enfance et la confiance qui va avec. Enfant, nous ne savions pas que nos châteaux étaient de sable. Ou si nous le savions, nous faisions comme si, pour le jeu, pour le rêve, pour l’oubli. Quelle liberté que celle de ne pas savoir, quel élan.

Retrouvons nos pelles, nos seaux remplis de sable et nos mains d’enfant. Construisons des portes et des fenêtres, surtout celles qui n’existent pas encore, afin de croire au jour, au pastel de l’aube, quand il fait encore nuit.

Les manques sont pareils à des rideaux de pluie, avec leurs gouttes indépendantes et parallèles, mais qui arrivent à se rejoindre pour se fondre dans une forme unique. C’est à travers la pluie qu’il faut voir danser la lumière.

 

 

 

 

 

Sommes-nous plus ou moins ce que nous écrivons ?

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 » Les choses les plus belles sont celles que souffle la folie et qu’écrit la raison. Il faut demeurer entre les deux, tout près de la folie quand on rêve, tout près de la raison quand on écrit. »

André Gide

Sommes-nous plus ou moins ce que nous écrivons ?

Un peu de folie, un peu de raison, parfois les deux en même temps. Qui de la vie ou de l’écriture l’emporte sur la folie, sur la raison… L’écriture est un rêve éveillé qui permet cet ajustement entre folie et raison et la navigation entre les deux.

Il ne suffit pas de tracer un sillon, encore faut-il l’ensemencer. Avec notre propre semence ; celle qui engendre, révèle, puis nous accompagne le temps de l’écriture.

Les mots ont leur créativité propre, ils peuvent amplifier une pensée ou la restreindre, la contourner ou l’investir.

Que dit de nous l’écriture… autrement que ce que nous voudrions en dire ? Certainement beaucoup plus, mais bien malin celui qui peut deviner la vie qui se cache derrière ce rideau de mots. Change t- elle notre image ? l’image que l’on porte sur soi, que l’on donne à l’autre, celle que l’on reçoit en miroir, qui s’est constituée au fil des années, que l’on supporte plus ou moins quand elle se fige dans le regard de l’autre. L’écriture nous défait afin que nous puissions nous réinventer. Par l’écriture, l’image que nous donnons peut se modifier car elle n’est pas sans nous modifier en profondeur. Sommes-nous plus ou moins ce que nous écrivons ?

L’écriture est une inconnue qui s’invite le plus souvent sans avoir été conviée, elle nous prend au dépourvu, s’immisce dans notre intimité, nous contraint, nous plie, nous gagne parfois. L’écriture qui atteint l’autre c’est celle qui nous dépasse. Si elle n’est pas un but, elle est souvent l’effet d’une cause qui dépasse notre entendement.

Elle convoque l’imaginaire, se terre parfois derrière de vieux acquis pour dans l’instant qui suit mieux s’en libérer. Elle traque dans les moindres replis les souvenirs littéraires, ceux qui nous ont construits, mélange de réalité et d’imaginaire, puis finit par prendre son interdépendance.

Si les mots appartiennent à tous, il relève de l’intime de les assembler, de leur donner corps. C’est comme la signature vocale propre à chaque individu, comme l’odeur corporelle, elle aussi, unique. Ce qui nous démarque, c’est cette signature, ce lien intime entre nous et l’écriture qui s’inscrit dans un courant plus large de pensée. Il faut accepter cette indépendance, ce non contrôle, ce lâcher-prise, certes jusqu’à une certaine mesure, sans se laisser doubler par les mots qui nous échappent, mais quoique nous voudrions en maîtriser le maximum, elle paraphraserait jusqu’à nos silences.

Dissoudre la pensée puis la reconstituer au confluent de l’âme et de l’esprit…

La vie, c’est comme l’écriture, au début on brode autour, quand on avance on élague et à la fin on garde l’essentiel.

Sommes-nous plus ou moins ce que nous écrivons ?

Il est une lumière impossible à saisir…

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Il est une lumière impossible à saisir

Les hommes de tout temps tentent de l’esquisser

Ils œuvrent pour percer de l’éclat ce sourire

Quand seule la nature a pour don la beauté.

Affublé d’une plume, un pinceau, un archet

Si sans rien de la flamme où la beauté transpire

À l’homme la pensée seule ne peut suffire

Il faut mettre de l’âme et du cœur à l’ouvrage

Transformer en éther le moindre paysage

En grâce permuter la fresque du désir

Laisser la volonté dans l’œuvre s’évanouir

N’en garder que l’essence où naît toute beauté.

Quelques pensées choisies…

 

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Pouvoir dire à la fin de sa vie que nous sommes devenus ce que nous étions vraiment et que nous ne nous sommes pas trahis.

Nous ne faisons que pousser des portes quand nous avons la grâce de traverser les murs.

La confiance du boomerang : envoyer de la joie sans être certaine qu’elle revienne.

Rester ouvert à tous les possibles, c’est au final la seule vraie liberté de choisir vraiment.

De petites morts en résurrections tombent en chemin béquilles et bâtons.

La non conscience de notre mort est notre plus subtil oubli.

Plus la vague s’est retirée loin et plus elle revient vigoureuse de ces éléments qui constituent la vie.

Pour voir plus loin sur le chemin accepter un autre éclairage que le sien.

Les pages que nous tournons trop facilement ne font pas partie de notre grand livre.

Notre inconscient est comme le pompon des manèges, il nous effleure souvent la tête mais n’est pas facile à saisir.

On ne retombe pas en enfance, on retourne chez soi lorsqu’il est temps de laisser le moi derrière le soi.

Le rêve… une rêverie qui avait sommeil.

Ne pas baisser les yeux autrement que pour regarder où l’on met les pieds.

Nous passons notre temps à vouloir décoder ce qui de fait est déjà écrit.

Gardons les pieds sur terre sans piétiner les fleurs.

Celui qui se pose la question s’il est heureux a encore du bonheur en réserve.

Par paresse de l’esprit, nous rejetons l’inexpliqué.

Le temps ne gomme que les souvenirs de papier.

Les mots écrits sont-ils suffisants? il faut la voix pour que l’âme transpire.

à suivre…

 

 

 

 

 

Le ciel est un miroir sans tain !

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« L’invisible est réel. Les âmes ont leur monde. »

Alfred de Vigny

Ne passent ici que les ombres. Porte, serrure, clef, ces mots ont-ils encore du sens quand ils sont dépourvus de leur objet, quand ils ont perdu le sésame pour ouvrir sur l’ailleurs?

Le ciel est un miroir sans tain !

Déchiffrer alentour, avancer prudemment. Ratisser large : préjugés, idées reçues. Contourner : interdits, mises en garde. S’armer de patiente, de persévérance, et d’un peu de courage. L’inconnu n’existe qu’en regard avec sa définition.

Nous, on t’aide !

Un souffle, une vibration, un chant sidéral abstrait, informel, répondant à l’appel d’un humain.

Le souffle en habit d’ombre a passé la porte. Avec lui : l’impalpable, l’invisible, l’inaudible font leur entrée .

Nous on t’aide !

 

 

N’efface pas la trace…

Juin 2015 vacances Palavas 062

N’efface pas la trace

Puisque tout doit s’écrire

Sinon se retenir

Se graver dans l’espace

Clos de tes souvenirs

N’efface pas la trace

Tout devrait revenir

Remonter en surface

La floraison d’écume

Dessus les eaux dormantes

Et les rires en cascade

Des grands jours d’euphorie

Des peines endormies

N’efface pas la trace

Puisque tout doit s’écrire

Au faîte du silence

À la lisière des mots

Au solstice de l’intime

N’efface pas la trace

Puisque tout doit s’écrire

La complainte de l’âme

L’épopée d’une vie.