Les vieux souvenirs

 

 

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Les vieux souvenirs

Prennent ce vernis

Nécessaire à l’âme

Pour s’y refléter

Sans que le coeur

Ne tremble.

 

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La nature est oeuvre inachevée

« La nature se suffit. »

Friedrich Hegel

 » Nous croyons regarder la nature et c’est la nature qui nous regarde et nous imprègne. »

Christian Charrière

 

 

Quand tu peux admirer du jour tous les contours

Du lever au coucher sans crainte d’un détour

De l’horizon blanchi en émergence mauve

À l’éclat outrancier d’un crépuscule fauve.

 

C’est bien par ton regard que la vie peut chanter

Dans tes yeux le poème est déjà incarné

Mais le tableau final ne fait que s’esquisser

Le plan de la nature est œuvre inachevée.

Elle compte les ans, un peu à la manière des enfants, elle constate… pas assez de doigts à ses mains.

Deux dates sur une pierre

Elle se tient debout. Le corps est à l’arrêt tel celui d’un animal aux aguets, les yeux sont fixes, ils ne voient plus que ces deux dates gravées sur la pierre, le doré des lettres semble en avoir capté toute la lumière.

Elle compte les ans, un peu à la manière des enfants, elle constate… pas assez de doigts à ses mains.

Ne pas en revenir… elle le sait, elle n’en reviendra pas.

Quand le voyage est terminé, il reste les cartes postales. Elles prennent la couleur du temps, la marque d’un séjour, illustrent sur papier glacé une époque. Les cartes postales( comme les photos) sont les souvenirs que la mémoire ne peut ni remanier ni entraîner dans son labyrinthe par mille chemins de traverse. C’est là, et c’est énorme de justesse, implacable de réalité.

Ici, sa présence tient lieu de trait d’union reliant deux mondes. C’est par elle que les saisons lui arrivent, même quand le temps s’est arrêté. Quelques fleurs dans un vase y suffisent.

Elle sourit…

C’est par lui que les réponses à ses questions lui parviennent, claires et limpides ; la mort va droit au but, elle débarrasse les vivants de l’inutile.

Elle prend de la hauteur, elle glisse sur sa lumière.

Revient au présent.

D’une caresse douce et chaude, elle ravive le marbre froid, y laisse l’empreinte de ses doigts, puis s’enfuit très vite avant que la marque ne s’efface.

Cueillir la fleur du temps

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À fond la vie
Plus de place
Pour la procrastination
Le maintenant a pris du retard
Ne rien remettre
Ne rien omettre
Ni les rires des jours soleil
Ni les regards embués des jours sans
Boire à l’eau fraîche
Des torrents de montagne
Courir là-bas
À perdre haleine
Jusqu’au sommet
De ses possibles
Pour y cueillir
La fleur du temps
Aux couleurs
De l’éternelle
Jeunesse.

Seules les choses, sans autre vie que celle donnée par les mains de l’homme, résistaient.

« Chaumière où du foyer étincelait la flamme,
Toit que le pèlerin aimait à voir fumer,
Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?… »

Alphonse de Lamartine

 

C’est arrivé au petit matin, juste avant que l’aube ne se dessaisisse de son voile blanchâtre encore auréolé des mystères de la nuit.

Un chant profond s’éleva des lointains, franchit la porte des maisons et le sommeil des habitants. Ces derniers furent stoppés dans la phase où les corps se réchauffent, où les neurones s’activent, où conscient et inconscient toisent leur force pour finalement s’en remettre au sommeil ou à l’éveil.

Ce matin-là le chant, imperceptible aux oreilles humaines, traversa tout de go les corps tel un point de fuite qui n’aurait d’autre ambition que de s’unir à l’horizon.

Avec le jour qui s’oubliait dans la nuit, les âmes seules portaient encore en elles la plainte de l’aube.

Toute vie perdit son rythme, sa cadence, son souffle même. Les hommes, les animaux, et jusqu’aux végétaux, impactés par l’étrange onde, se retrouvaient statufiés, sans que rien ne semble pouvoir les libérer du maléfice.

Seules les choses, sans autre vie que celle donnée par les mains de l’homme, résistaient.

Pendules, horloges et carillons, continuaient de marteler au néant, en oscillant et mesurant un temps néanmoins suspendu et sans avenir.

À la frange du crépuscule

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À la frange du crépuscule

Aux nues brunies sous les embruns

Quand le vent court dans les grands pins

Et que les cimes se déciment

Au firmament qui se dessine

On perçoit dans un va-et-vient

Un chant qui monte du lointain

Quand lasse la mer se retire

Et que la grève nue s’étire

Laissant la vague à son chagrin

Et au jour bleui qui recule.