Continuera sans nous la procession des jours

 

Se tenir là, dans l’écoulement des jours, au fuyant d’un cours d’eau oublié, au seuil des saisons.
Puisque tout doit finir pour reprendre le tempo invariable, la danse lancinante et répétitive, la rythmique obstinée d’un Boléro de Ravel.
Composer avec ce qui nous compose. Fuir ne servirait à rien. Si la vie s’achève, sa symphonie reste inachevée.
Tes souvenirs sont ces trésors amassés dans tes poches d’enfant.
De mains ouvertes en poings fermés, de poings fermés en mains ouvertes…
Dans l’écoulement des jours.

La nuit finira
Par dénouer nos silences
Par en éparpiller les rubans

Continuera sans nous
La procession des jours
Le dur labeur
De l’inachevé

De poings fermés
En mains ouvertes…

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La plénitude du rien.

 

On ne peut s’imaginer combien le rien est précurseur de sérénité, de plénitude.
Pourtant pour certains le rien est source d’angoisse, quand ils l’élèvent au rang de néant.
Le rien n’est pas le vide, il est rempli de ces choses qui n’arriveront pas, que l’on ne veut surtout pas voir arriver. Le rien c’est la transparence du verre qui garde claire l’eau que l’on y verse.

Le rien ne pollue pas.

Marie n’aimait pas que les choses changent. Le changement d’année, par exemple, lui était des plus pénibles.
Et que dire de cette habitude d’envoyer ses bons vœux aux proches…
Pour Marie cela tenait presque de la superstition, tant la vie lui avait appris que l’on ne peut savoir à l’avance ce que l’avenir nous réserve.
Pendant que le monde festoyait, Marie écrivait sur son cahier :
Qu’il n’arrive rien ! Entendez par rien : « Qu’il n’arrive rien de pire ».

Marie y mettait ce que chacun de nous redoute le plus : la maladie, la mort ( la nôtre ou celle d’un proche), la pauvreté, la déchéance physique, intellectuelle.

Voyez comme ce rien peut être plein.

Douceur du rien
De la vie qui va
Sans soif et sans faim
Sans la morsure du soleil
Juste la consolation
Des petites choses
Qui épargnent
D’avoir à fuir
À se cacher
De
L’ombre des jours.

Une relation privilégiée

Rien n’aura eu lieu que le lieu 
Excepté peut-être une Constellation… 
Mallarmé

La bulle de l’imaginaire, il suffit de souffler dessus pour que le réel lui vole ses couleurs.

Marie n’était plus seulement Marie…
Marie était plus que Marie.

Il y avait bien eu cette césure, puis la remontée lente et inexorable, plus qu’une involution, une révolution.
Un changement en profondeur de tout son être sourdait en silence.
C’est dans les failles que fleurissent les résilientes.
L’abîme demeure et l’abîmée y survit.

Une vie découpée. Un puzzle à reconstituer.
La mémoire qui inverse les pièces, les sort du cadre.

Les pierres s’activent en sous-sol à leur remontée.
Mais personne ne le voit.

Se donner la permission d’aimer
C’est comme prendre le maximum de ce qu’il reste d’été.

– Tu ne sais pas de quoi demain sera fait.

Les tombeaux ont des choses à nous dire quand on les interroge.

– Bois encore du jour avant que la nuit ne te recouvre de sa lumière givrée.

Le réel n’est que de l’imaginaire qui n’a pas encore trouvé la clef du rêve.

Marie n’était plus seulement Marie…
Marie était plus que Marie.

Du pouvoir du rêve sur l’esprit et le corps.


Du pouvoir du rêve sur l’esprit et le corps.

Le rêve plus réel que le réel quand il finit par investir le corps, jusqu’à le phagocyter.
Mais que ferions-nous d’un réel qui ne serait traversé par l’inouï ?

La poésie pour support.

Le ciel contient tant de bleus que l’azur pourrait bien s’y perdre, et que dire de la mer qui le reflète si bien ?
La réalité pourtant est que 2% seulement de la couleur observée est due aux reflets célestes.
Le réel, tel que nous le concevons, ne dependrait-il que de la perception que nous en avons ?

Je veux garder la dissonance du rêve, sa fraîcheur, son illimité. C’est lui qui me fait vibrer, provoque mon imaginaire.

Là où le réel limite, cloisonne, le rêve ouvre les portes de l’esprit, débride la conscience. Aucune porte ne lui résiste. Le rêve est la clef du trousseau vie qu’il ne faut jamais perdre.

Je vis en poésie, ne me réveillez pas !

 

 

 

 

La résilience de la nuit c’est son aube.

C’est là que tout a commencé…

On n’imagine pas de quoi sont faits nos radeaux de survie.
On aimerait que l’embarcation soit et solide et légère. Choisir des bois flottants qui n’ont pas vocation à durer, mais juste résister le temps du passage d’une rive à l’autre, ou jusqu’à ce gué où la rivière moins profonde semble se verdir.

L’écriture est un autre radeau. Celui-ci est fait de papier, de signes, d’encre noire que les phrases finissent par déliter.
L’écriture ne comble rien, elle n’est qu’un support, un passeur.

La résilience de la nuit c’est son aube.

Une transition nourrie de nuit en recherche de jour.

Sans rien vouloir effacer, assécher, il faut beaucoup d’aubes : ses lavis d’aquarelles, ses nuances déposées sur l’humide des larmes, pour juste se laisser approcher, émouvoir. Tel un effleurement à la soie sur la blessure, et de cette caresse faire un début de joie.





Haïkus en Janvier

 

 

 

Ses sandales ailées
au passage de l’Amour
tressaille la feuille

La force du chêne
la tendresse sous l’écorce
l’amour son essence

Que tombe la neige
la joie des enfants piétine
au sol les chagrins

L’amour, l’amitié
notre plus grande richesse
de l’or dans l’obscur

Poète est l’hiver
qui confie aux perce-neige
sa blanche lumière