L’écho d’une promesse…

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Te reconnaître

 

Dans la fleur qui éclot et dans l’enfant à naître

Dans le regard du chien qui retrouve son maître

Au plus profond des mots, dans l’encre et dans la sueur

Du poème égaré le manque annonciateur.

 

Te reconnaître

 

Dans les yeux des amants que la joie réunit

L’espace d’un instant ouvert sur l’infini

Passer le jujubier, franchir l’inconnaissable

Retenir de l’azur la couleur ineffable.

 

Te reconnaître

 

Dans le chant du ruisseau, cascade du matin

Quand l’oiseau y ébroue son grelot de chagrin

Dans le baiser volé à l’étoile filante

Le vœu non prononcé à l’éphémère amante.

 

Te reconnaître

 

Quand la senteur de l’herbe si fraîchement coupée…

Exhale, unit à l’air, sa fragile épopée

Quand le sel de la mer, sur ma peau, déporté…

Laisse des arabesques aux cristaux argentés.

 

Te reconnaître

 

Dans la pluie attendue par la terre assoiffée

Au prince d’un seul jour à la bergère aimée

Et puis dans cet espace où ton rire se fait

L’écho d’une promesse.

 

 

 

 

 

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Une envie soudaine et nostalgique de Normandie…

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Marie avait terminé sa semaine satisfaite du travail accompli. Elle ne regardait jamais à rester un peu plus tard au bureau si cela s’avérait nécessaire, aussi, comme chaque vendredi soir, elle prit son temps pour ranger ses affaires consciencieusement et préparer les dossiers à traiter en priorité le lundi matin.

Le temps était particulièrement doux en ce début de soirée , Marie décida de marcher tout en flânant un peu avant de rentrer. Après tout, personne ne l’attendait et elle n’avait rien prévu de particulier pour sa soirée. En s’arrêtant devant la vitrine d’un marchand de journaux, son regard fut attiré par la couverture papier glacé d’un magazine où trônait, majestueuse, une jolie chaumière normande .

Marie poussa la porte du magasin, prise par une envie soudaine et nostalgique de Normandie.

La chaumière se trouvait être originaire du Pays d’Auge. Elle connaissait bien ces maisons traditionnelles faites de torchis et colombages, au joli toit de chaume.

Petite, elle passait toutes ses vacances chez sa grand-mère qui habitait une maisonnette du même style près de Honfleur. La grand-mère était décédée, la maison vendue, mais les souvenirs ne se vendent pas plus qu’ils ne s’achètent ; locataires de notre mémoire, ils ne nous quittent que lorsque nous mourons nous aussi.

Tout en marchant, l’idée de passer le week-end sur la côte normande la saisit comme une joie qui n’attend pas, aussi quand elle passa devant la gare qui se trouvait être sur son chemin, elle décida de prendre un billet pour Deauville. – Le train de demain à la première heure s’enquit-elle au guichetier.  Elle profiterait ainsi pleinement de son week-end. Il lui sera facile, une fois sur place, de louer une voiture  pour sillonner la côte jusqu’à Houlgate et peut être faire un pèlerinage dans la charmante ville de Honfleur et flâner sur sa côte de Grace. – Pourvu que rien n’a changé pensa t- elle en aparté, cela fait si longtemps… Marie n’aimait pas les changements ! il aurait fallu que tout reste à l’identique : les villes, les maisons, les chemins, les jardins publics, les modes. Depuis le départ de Rémi, tout s’était comme statufié et elle -même aurait voulu ne pas changer afin qu’ils se retrouvent pareillement au jour où la vie les avait séparés.

Plus elle pensait à ce petit voyage et plus elle était en joie. S’il faisait aussi beau demain et dimanche, elle pourrait même se baigner. Justement elle venait d’acheter un adorable petit maillot deux pièces. Le haut à balconnet mettait bien en valeur sa petite poitrine. Malgré qu’elle avait enfanté, elle avait gardé un ventre plat et une taille fine, aussi elle pouvait se permettre cette fantaisie.

Elle prendrait un sac léger pour ne pas être encombrée, une serviette de toilette fera très bien l’affaire pour s’asseoir sur le sable. Ne pas oublier lunettes et crème solaire, pensa t- elle soudainement, toute excitée et déjà à demain, pendant qu’elle ouvrait la porte de son domicile.

En arrivant à la gare de Trouville- Deauville, le lendemain matin, elle constata que rien n’avait changé, en tous cas dans ce périmètre. Toujours les deux peintures de Louis Houpin ainsi que le plan de Trouville et Deauville dans le hall de gare.

Elle se dit que la journée serait délicieuse, le ciel bleu en était la promesse. Elle avait retenu une chambre dans un petit hôtel proche de la gare. Elle s’y rendit afin de déposer ses bagages et se rafraîchir un peu car la journée s’annonçait belle et chaude. Ensuite elle irait au garage où une voiture de location l’attendait. Internet avait du bon, ces réservations faites en un clic.

Pour le déjeuner elle ne retenait rien, elle voulait se laisser happer par l’imprévu.

Marie décida de se laisser porter au gré de ses envies, longer tranquillement la côte, de Deauville à Villers S/Mer, puis Houlgate, Cabourg.

Elle prit un bain à Cabourg, admira les villas à colombages, le casino, flâna quelques minutes sur les pas de Marcel Proust, puis une fois installée à la terrasse d’un restaurant, passa commande d’une assiette de fruits de mer. Tout était comme elle l’avait rêvé, un enchantement.

Il ne lui resterait qu’à reprendre la route, cette fois en passant par la campagne. Revoir Périers en Auge, Tourgeville, St Arnould, Touques, ensuite elle pousserait jusqu’à Honfleur puis rentrerait à son Hôtel.

Après avoir dégusté la ficelle honfleuraise dans un petit restaurant qui avait gardé le charme d’antan, elle prit la route de la corniche qui relie Honfleur à Trouville. Cela avait toujours été un enchantement pour sa vue. La végétation en ce mois de juin, très prolifique, pénétrait jusqu’à la mer. Nulle par ailleurs elle n’avait retrouvé ce mariage parfait de campagne et de mer. Elle passa Villerville non sans avoir admiré, au loin, l’estuaire de la Seine.

Dans cette commune, beaucoup de maisons avaient disparu ou étaient fortement endommagées à cause d’un glissement de terrain et parmi elles la villa où Fernand Ledoux aimait à venir se reposer.

De retour à l’hôtel, après cette belle journée bien remplie, Marie regarda, attendrie, le petit sachet, contenant un peu du sable prélevé sur la plage de Cabourg, qu’elle venait de poser sur la table en bois ciré de la chambre. Rémi avait fait ses premiers pas sur cette plage, elle n’avait pas résisté à ramasser cette poignée de sable qu’elle déposerait demain soir, à son retour, sur la tombe de son fils.

Dans cet état d’esprit Marie se prépara pour la nuit. Depuis quelques temps elle ne dormait bien qu’avec, posé près de son oreiller, un livre ayant appartenu à son fils. C’était devenu un rituel, une de ces pensées magiques qui tient de l’enfance et nous revient quand la réalité de la vie est trop dur à supporter.

Ce week-end tombait vraiment à pic. Dernièrement, elle se sentait triste sans plus trop en savoir le pourquoi. Si elle n’avait jamais retrouvé la plénitude, elle arrivait pourtant à ressentir de petits moments de joie. C’était surtout la nature qui éveillait en elle de ces instants, un peu magiques, incomparables bien sûr à « avant » mais il est des joies qui ne tiennent pas des hommes. Celles-là personne n’a pouvoir à nous les ôter ni d’ailleurs à nous les offrir.

Avec les êtres humains, c’était différent. Il y avait un décalage qu’elle ne cherchait d’ailleurs plus à s’expliquer, c’était comme ça. Martin, par exemple, son collègue de bureau, pourtant si discret et ne sachant quoi faire pour lui être agréable, eh bien ! elle se comportait avec lui de la même façon que ceux qui avaient pratiqué l’évitement quand il s’agissait de parler du deuil.

Au matin, Marie se réveilla troublée par un rêve étrange. Rémi lui était apparu, non malade, mais au contraire plein de vie, souriant, tel qu’il était avant sa maladie. Comme à chaque fois qu’elle rêvait de lui, elle se réveillait le cœur rempli d’amour, mais cette fois l’impression était si forte qu’elle pensa plus à un songe qu’à un simple rêve.

Son fils venait la chercher, il avançait vers elle dans un bain de lumière. Le plus merveilleux c’est que cette lumière diffusait de l’amour. Marie n’aurait jamais voulu se réveiller tant ce qu’elle vivait là était unique, elle baignait dans l’amour pur. Difficile de trouver les mots avec notre vocabulaire, le ciel touche à l’indicible.

Marie était heureuse, elle savait à ce moment qu’elle reverrait Rémi.

 

 

 

 

Certains entrent dans leur ombre bien avant l’heure. Il y a des aurores teintées de crépuscules.

C’est tellement plus facile d’aimer la vie quand elle nous échappe, on ne voit plus que sa lumière.

Si aujourd’hui est déjà trop tard, que dire de demain…

Sans attendre !

– J’ai tant de choses à faire avant de mourir

– Tu vas mourir ?

– Mais oui, comme tout le monde. Toi, tu vis comme si tu avais l’éternité. Ne sais-tu pas qu’une vie ne dure qu’une journée…

Elle regarde une vieille photo, s’attarde sur un visage, puis son regard se tourne vers les autres visages, ceux qui accompagnent celui de sa grand-mère. Celui-là, elle le connaît bien. Il y a aussi un enfant qui se tient debout sur une chaise et même un chien, assis sur une de ces chaises prises au restaurant, et sorties pour l’occasion.

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Cette photo, elle ne la connaissait pas. Elle ne l’a découverte qu’après… après le départ de sa mère. La photo était rangée avec d’autres, non connues elles aussi et pareillement jaunies par le temps. Le tout placé dans un carton à chaussure qui semblait renfermer autant de visages inconnus que de secrets bien gardés. Une vraie cabane miniature digne d’un Ali Baba, sauf que rien n’ avait été volé, hormis peut-être une histoire familiale, et ça c’était quand même quelque chose…

Le fil qu’elle pensait pouvoir débobiner, rembobiner à sa guise, venait de casser net. Plus personne pour en tisser l’histoire. On peut naître orphelin de son passé, mais il arrive qu’on le devienne. Tant que ceux qui sont là, parents et grands-parents, ces passeurs de mémoire , nous ne faisons pas beaucoup d’efforts, sauf que l’histoire, elle se mérite, elle n’est pas un dû.

Les secrets, quand on laisse pousser leurs branches, ont cette particularité de donner des fruits à l’imagination.

Faire danser les miroirs

Le petit enfant le sait bien

Lui qui fait danser les miroirs

Que l’on ne peut naître de rien

Que l’essentiel nous est transmis

Sans qu’on ne l’ait jamais appris

D’instinct le jour doit bien savoir

De ses crépuscules l’histoire

Peut-on se mirer sans miroirs

Vivre sans ombre à sa mémoire ?

Le petit enfant le sait bien

Lui qui fait danser les miroirs

Que l’on ne peut naître de rien.

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Celui de maman devait être bien lourd à porter. Pourtant, elle n’en a jamais rien laissé filtrer.

Je lui avais pourtant demandé cent fois de me raconter son enfance, si elle avait des frères et sœurs, mais les larmes lui montaient si vite aux yeux qu’il était comme entendu entre nous que nous n’irions pas plus loin, moi dans mes questions, elle dans ses réponses.

L’écriture est un silence, parfois il arrive qu’un ange y passe.

Un jour, un pan du secret de maman est venu frapper à ma porte, il avait les traits d’un généalogiste. J’apprenais, dans un même temps, la mort de mon oncle et par là même son existence. J’ai donné les coordonnées de maman et le monsieur est reparti, aussi vite qu’il était venu, me laissant seule avec ma mine déconfite.

Je pensais alors, bien naïvement, que cette révélation me donnerait le droit d’en savoir un peu plus et à maman l’occasion de lever un peu du voile. Je me souviens que dans un premier temps, j’ai ressenti de la colère, légitime me semblait-il ; on m’avait quand même retiré le droit d’avoir un oncle. Et si je l’avais tant de fois rêvé, imaginé, cet oncle, si je « cuisinais » maman pour savoir ce qu’elle taisait, c’est que de très loin mon inconscient, lui, devait bien savoir…

 

 

 

 

 

 

 

La passion à l’inouï

 

 OLYMPUS DIGITAL CAMERAEntremêlée de vers

De pensées et d’écrits

La passion à l’inouï.

 

Étouffer sinon taire

Du silence incendiaire

Le feu qui en jaillit.

 

Qui voudrait effacer

Des saveurs de la terre

Le sucré et l’amer.

 

Il me reste en pensée

Nos lèvres effarouchées

Et le goût de la mer.

 

Un ange me sourit

ar cen ciel 3  Le 31 01 2015

 

Un ange me sourit et c’est un arc-en-ciel

En couleur qui me dit combien la vie est belle

Le cœur sur la raison cache bien des secrets

Quand aimer est plus fort qu’être soi-même aimé.

 

Il fallait un amour capable de franchir

Les portes de la mort pour sur la vie ouvrir…

Une brèche, un sillon… que volent en éclats…

Toutes les projections tabous et cadenas.

 

Je confonds tous les manques et qui pourra combler

Cette double béance, cette gémellité

L’ignorance du cœur a aussi sa vertu

Qui pourrait le blâmer de s’être mis à nu

 

Tel le vent qui s’engouffre où le vide l’appelle

Un joli rayon vert dans ma vie tout pareil.

Un ange me sourit et c’est un arc-en-ciel…

En couleur qui me dit combien la vie est belle.

 

Normandie

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Elle nous pénètre sans un mot

Par les yeux et par notre peau

La Normandie on la respire

Histoire de mieux la retenir.

 

Peintres capteurs de lumière

Ecrivains aux jolies manières

Ils en ont fait leur paradis

Côte de Grâce, Côte Fleurie.

 

Le roi des ciels au bord de l’eau

Eugène Boudin et ses pinceaux

L’impressionniste immortalise

Le frissonnement d’une brise.

 

Belles villas sur la corniche

Ces élégantes qui s’affichent

Résistent aux embruns et à l’âge

Dans leurs habits de colombages.

 

Plus loin… vallons, tourbières, forêts…

Coteaux crayeux, landes, marais

Blanches falaises aux pieds dans l’eau

Côte d’Albâtre, Pays de Caux.

 

Les champs… des tapis de verdure

Vaches ruminent à la pâture

Paille au chapeau de la chaumière

Douillons de pommes et camembert.

 

Grand-mère le loupiot d’une main

Et le vélo de l’autre main

Souffle d’amour sur la blessure

Vite rentrons à la masure.

 

Sans les vacances chez grand-mère

Manquerait de l’eau au moulin

De la douceur sur les embruns

Ma Normandie, mon bout de terre

Je te choisis dernier lopin.