Se pavane une rose au rythme du printemps
Je ne sais plus les jours dans ce confinement
Pluie, soleil… tout pareil. Il me reste le vent
Pour porter loin, très loin, les affres du présent.
Se pavane une rose au rythme du printemps
Je ne sais plus les jours dans ce confinement
Pluie, soleil… tout pareil. Il me reste le vent
Pour porter loin, très loin, les affres du présent.
À qui connaît
L’unicité de toute chose
Son détail à lui seul
Est tout un horizon.
Elle remplit consciencieusement sa feuille de sortie. À la case 5 il est écrit : Déplacements brefs, dans la limite d’une heure quotidienne et dans un rayon maximal d’un kilomètre autour du domicile… etc.
Un soleil généreux coule sur le jardin. Le rosier rouge (un authentique Mailland), à la robe velours et au parfum envoûtant, lui fait de l’œil tout en dispersant ses faveurs jusqu’au seuil de la cuisine.
Il faut dire qu’en ce mois d’avril, le temps est particulièrement estival. Paris, Rouen, Lille ou encore Strasbourg, battent des records de chaleur. L’envie de grandes balades se fait sentir. Elle ne choisira pas entre mer ou campagne… d’ailleurs même hors confinement ne lui demandez pas de choisir.
Elle ne peut s’empêcher de rapprocher ces deux événements : l’un météorologique, l’autre épidémiologique. Et si cette douceur du temps ne venait que pour atténuer la violence de ce drôle de combat contre la mort ?
Et ce plein soleil n’est-il pas une offense en cette période incertaine ; souffrances et deuils s’accommodent tellement mieux d’un ciel plus ombragé.
Au jour 39 du confinement, elle a écrit sur son carnet :
Sortie de chaos
un monde nouveau s’écrit
avec ou sans nous
Car l’après sera bouleversé, de cela elle en est certaine, et pas seulement pour les familles qui payent cher l’intrusion dans leur vie et dans celle de leurs proches de ce nouveau virus.
Coronavirus ou Covid 19 en référence à 2019. L’inconnu avance masqué, bousculant le monde scientifique, prenant de court celui des politiques.
Le citoyen lambda se sent exclu. Il ne peut que subir. Il aimerait bien un vrai débat sur la chloroquine, sur l’utilité des masques pour tous. Pour se rendre utile à la collectivité, peut-être aussi pour conjurer ses peurs, il fabrique des masques en tissu, achète local, applaudit le soir à 20 h les soignants. Tandis que le directeur général de la santé, dans une litanie échappée d’un autre temps, décompte nos morts.
Espérons en l’humain, en ses forces pour reconstruire mieux, et plus juste. C’est en temps de crise que l’homme se révèle dans le meilleur comme dans le pire.
Il reste de positif ce que nous n’attendions plus, comme un espoir, une résilience avant l’heure. La nature éveillée comme jamais, l’air plus pur, le chant des oiseaux couvrant les bruits disgracieux des voitures, les poissons plus proches de nos côtes, revenus dans des eaux moins polluées.
Sortie de chaos
un monde nouveau s’écrit
avec ou sans nous
Et cette nuit encore où tu m’es apparu
Tout habillé d’enfance ; un cadeau imprévu
Ce geste d’abandon, cette adhésion du cœur
Une félicité visitant ma demeure.
Simple message ?
Prémonition ?
Épiloguons sur ce voyage, ce dépassement de l’être qui ne dépend pas du corps, mais de l’âme qui l’ayant précédé, finira par le dépasser.
Et cette sensation étrangère, inhabituelle, de se retrouver hors du présent l’espace d’un instant, de faire un plongeon dans le futur.
On voudrait le jouer tout en douceur, en nuance et pianissimo, ce drôle de prélude, en accord parfait et sans dissonance entre corps et esprit.
» Et si vous allez quêter la joie, faites d’abord provision de joie. Remerciez avant d’avoir reçu. »
Alain. » Propos sur le bonheur »
Je ne demande rien pas la moindre faveur
Il me suffit qu’il soit pour contenter mon coeur
Et s’il se reconnaît dans cette foule immense
J’entrerais à bas bruit telle une confidence
Un peu dans son esprit et dans son existence.
Et puisse être la mort
cette chemise d’eau qui glisse du bras
après la nage
et que soit la tristesse
cette lumière répandue dans l’herbe
qui fera le soir venu
un autre ciel à la mémoire »
Jean-Pierre Siméon
Et ce soleil
Qui est venu te chercher
Ne pourra atténuer
La tristesse des vivants
Ce contraste à la nuit
Cette claque dans le silence
Et ce chagrin immense
Au matin
Était-ce pour te vêtir
Comme l’est la jeunesse
D’un habit de lumière
Ou bien pour nous dire
Que le deuil d’une mère
Emporte avec lui
Le cœur de toutes les mères
Écrire pour retirer
Du silence au silence
Pour relier les vivants
Dans l’absence
Passer la porte des ténèbres
Et que dans l’obscur
Brille une lumière.
À Mathieu et Françoise
S’il ne devait me rester qu’une heure… une heure seulement…
Ne me demandez pas de choisir entre ces deux amours, je ne le pourrais pas.
Ne me demandez de choisir entre la campagne et la mer, je ne le pourrais pas.
Ce serait comme m’astreindre à une préférence entre deux enfants chéris d’une même tendresse.
Ne me demandez pas lequel du vert ou du bleu sied le mieux à mes yeux, moi-même je ne le sais pas…
Ni comment faire un choix entre l’espérance et le rêve,
entre le renouveau et la sagesse.
Entre le vert et le bleu,
Entre la racine et le vent,
Entre l’arbre et l’océan.
Dans un face-à-face
la nature se réveille
nous comptons nos morts