» Vous n’êtes pas une goutte dans l’océan. Vous êtes l’océan tout entier dans une goutte d’eau. »
Djalâl Al-Dîn Rûmi

Nous avons glissé sur la lumière, pris le vent et la pluie et parfois la vague sans jamais craindre un seul naufrage.
Nous avons pris le soleil, joué à cache-cache avec lui, sans l’ombre d’un doute pour nous servir de refuge.
Nos jambes étaient si légères, et l’horizon si vaste perdu entre conscience et inconscience. Notre voyage était notre innocence, cette sagesse d’enfance.
Ainsi nous partions pour l’aventure, poches pleines de précieux trésors : du bout de ficelle aux cailloux ramassés en chemin, en passant par la pomme indispensable à la survie. Et si cela ne suffisait pas, il y avait ces paris qui ne manquaient jamais de conjurer le sort : comme de courir assez vite pour arriver avant cette voiture bleue au prochain abribus, ou de dévaler cette pente à vélo en fermant les yeux tout en comptant jusqu’à dix.
La mort n’était pas à craindre, puisqu’elle ne pouvait nous atteindre, ou si peu, et de façon si lente et contournée que nous remettions nos chagrins.
Nous n’avons pas eu à choisir en être ou devenir, ce casse-tête devait venir plus tard, en même temps que nous quittait la paix de l’âme.
Liberté suprême d’être soi sans le poids que donne la conscience.