« Un grand auteur est celui dont on entend la voix dès qu’on ouvre l’un de ses livres. Il a réussi à fondre la parole et l’écriture. »
Michel Tournier.

Je ne vous lis pas ! C’est vous qui me parlez !
Certains auteurs ont une voix qui portent bien au-delà des mots. La lecture d’un livre met en place tout un scénario. A partir de ce petit film intérieur, le lecteur devient metteur en scène sauf qu’il ne fait pas ce qu’il veut quand il connaît la voix de l’écrivain. Impossible d’en oublier le timbre, d’y substituer ses propres notes ou de faire parler les personnages sans être sous influence.
Lire un livre dont on connaît la voix de l’auteur, (soit qu’elle soit de nature très particulière, soit qu’elle nous touche pour toute autre raison… ) donne finalement à l’œuvre une petite musique qui ne tient plus seulement au style de l’écriture, à l’histoire même, à ses personnages, mais à l’intrusion d’une réalité dans l’histoire, comme une couleur supplémentaire sur une toile qui resterait inachevée sans son glacis final.
Prenons comme exemple Jean d’Ormesson, qui imprègne de sa voix tous ses ouvrages. Voix au timbre si particulier, enchanteur, aux mille couleurs.
Avec Amélie Nothomb c’est la même chose. Sa voix s’invite chez nous sitôt le livre ouvert. Impossible de ne pas reconnaître ces tonalités à la tessiture unique et ce tourbillon musical qui s’accrochant sur l’écriture s’enroule avec. Le tout guidant le lecteur, tout au long de la lecture, encore davantage dans son univers.
La voix ne doit pas pour autant devenir une hantise. Il faut pouvoir investir les personnages de voix inconnues, sorties tout droit de l’imaginaire. Ainsi la « Madame Bovary » de Flaubert aura autant de voix différentes que de lecteurs, sans pour autant qu’on en sache davantage sur la voix que lui donna Flaubert en écrivant son roman. Quant à la voix de Flaubert, je l’imagine chaude et grave, assez puissante.
Les mots écrits ont leurs sons propres. Il serait bien difficile de les faire taire quand la zone de reconnaissance visuelle et celle du langage sont d’ une situation proche, même si distincte. Ainsi les connexions entre aires auditive et visuelle sont très étroites. De la même manière, des lésions sur l’une ou l’autre de ces aires ou sur les circuits adjacents à ces aires peuvent entraîner une déficience, de la compréhension orale ou de la lecture, parfois des deux.