Ce qui a changé :
L’épidémie a évolué, mon regard aussi.
Aujourd’hui, pour le dire, je ne choisirais pas les mêmes mots. Je prendrais en compte la lassitude de nos contemporains : les difficultés des commerçants, petites entreprises, travailleurs indépendants, la solitude de nos étudiants, leur crainte face à un avenir incertain.
La fatigue des soignants. Leur honneur à rester debout pour nous soigner.
Nous vivons quelque chose d’inédit.
Cette pandémie nous place face à nos propres limites : celles de la souffrance et de la mort.
Pays riche, industrialisé, ou pays pauvre : le même bateau.
Les grandes crises font ressortir les failles, les limites d’un système. Il y aura toujours des manquements, des erreurs, des regrets et parfois des mea-culpa.
Il est toujours facile de voir ce qui n’a pas fonctionné après coup. Il y aura assez de « procureurs » pour le dire.
Tirer les leçons d’une crise est essentiel. Les hommes de bonne volonté n’y manqueront pas.
Retour sur un confinement strict…
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À l’intérieur le calme, à l’extérieur le chaos. Sauf que les rues désertes n’en disent rien de ce remue-ménage ; images et commentaires arrivent en boucle, mais par le téléviseur.
Le tranquillité de la rue laisse au chant des oiseaux la primeur du printemps. Se doute t-il que quelque chose d’anormal se passe, le rouge-gorge venu en visite tout proche de ma fenêtre ?
Au dixième jour, la pression monte de partout. Sur les plateaux télé chacun y va de sa petite analyse : journalistes et chroniqueurs commentent sur un virus qui a toujours une avance sur eux. Les politiques s’en remettent aux scientifiques, les scientifiques aux politiques. Le virus gagne du terrain. Face aux malades, les médecins savent, ils ont déjà tout compris, mais sont là pour soigner, même démunis ils ne lâchent rien, tombant parfois eux-mêmes malades. Non, ce Covid-19 n’est pas une grippette.
L’invisibilité de ce virus rend encore plus visible le caractère de chacun. C’est en temps de crise, en temps de guerre, que l’être humain se révèle dans le meilleur comme dans le pire, que l’âme humaine se décline en grandeur ou petitesse.
Au dixième jour, je dois dire en toute franchise que ce confinement ne me pèse pas trop, hormis le fait de ne pouvoir voir mes proches ; je suis habituée à la solitude et je pratique le confinement souvent par choix.
Si la vie au quotidien s’en trouve bousculée, les magasins, le cinéma, les sorties, ne me privent pas tant que cette privatisation reste temporaire. Ce qui me manque c’est de ne pouvoir me rendre au cimetière comme à mon habitude. Je n’ai jamais, depuis un peu plus de treize ans, laissé au temps le pouvoir de nous séparer.
Revoir la mer ! Oh oui, cela serait bon. Je la prendrais en photo sur toutes les coutures, et je chercherais ce coquillage qui permet de l’entendre, quand on le pose tout près de son oreille.