La brume de chaleur qui traverse le corps Et ces morceaux de ciel que le vide dévore Au tremblé du réel le rêve est un décor À l’acheminement brisé en plein essor.
Le rêve de l’été dans l’instant qui chavire Aux crêtes sous plein vent aucun petit navire Les plages désertées de leurs amants sans rires Puis l’horizon scindé par les mots qui déchirent.
Au moment indistinct où jour et nuit se fondent On est déjà demain confondant les deux mondes Un bien doux souvenir effleure son esprit C’est sa peau qui lui dit avoir rêvé de lui.
L’épiderme en aura tout au long de ce jour La mémoire du songe au toucher de velours Au parfum envoûtant des fleurs après soleil Joli cœur retenant la promesse du miel.
Impatiente elle attend revivre le secret Son esprit vagabonde en d’étranges contrées Où les âmes se fondent, épousent leurs contours Échangent leurs murmures en tendres mots d’amour.
Son rêve c’est sa main qu’elle voudrait tenir Et par là raviver le lointain souvenir Chaque nuit désormais c’est le même voyage Pour à son âme sœur sa demande en mariage.
Dans le regard de l’autre apprivoiser son être Les accidents de vie apprennent à se connaître De parcours inédits en chemins de traverse De désirs inconnus en joies qui les traversent Entre le rien le tout une respiration Un silence où se joue l’unique partition Une prairie de fleurs pour son cœur en jachère Un soleil de minuit, une étoile, un aster… Réécrivent sans fin les lois de l’abandon De l’amour passion et de ses illusions.
L’extase va si bien aux âmes tourmentées D’avoir aimé le ciel et ses félicités.
Le temps comme une pluie s’écoule tout de gris En m’éloignant de vous me ramène vers lui Les plaisirs ne sont plus à l’ordre de mes jours Et mes rêves sont seuls à me parler d’amour.
Aussi même le jour en recherche de nuit Fuyant le gai soleil j’aveugle mon esprit Il faut jeter un sort sur les temps à venir Pour garder les trésors chers à nos souvenirs.
Si de franchir le seuil il n’est pas parvenu De cet amour, le deuil, ne sera pas vécu La chambre des regrets restera entrouverte Pour du cœur les secrets à l’esprit n’avoir perte.
Je ne sais plus très bien quand vous êtes venu Vous blottir en mon sein tel un enfant perdu Comme à la mort l’amour au temps singe l’effet De pouvoir peser lourd bien qu’étant effacé.
Un soir où en son cœur l’ennui creusait sa peine Donnant du poids aux heures sans plus que temps s’égrène Quand elle pensait enfin l’avoir pu contenir En force lui revint le bien doux souvenir.
De la chaude journée l’air distillait aux sens Les senteurs d’un bouquet aux multiples essences De la mer les embruns montant jusqu’au chemin Epiçaient d’un parfum sucré salé les pins.
D’autres, plus loin, gauchis par les vives tempêtes Semblaient saluer la vie en inclinant la tête Et la route verdie par la double voilure De ce tableau vieilli égayait la peinture.
À marcher dans les pas de cet amour défait S’épuisaient les raisons à ne plus y penser Quand l’écho prisonnier du mur de ses silences S’échappait de ces lieux qui avaient vu l’enfance.
J’ai des pensées nomades au seuil de chaque nuit Elles attisent mes rêves autant que je les fuis Quand le réel s’épure au fluide de l’éther Se sont les eaux du ciel qui rejoignent la mer.
Entre chien et loup, à l’indistinct du jour et de la nuit : un éclairage. Pas celui qui vient de l’extérieur, mais celui que l’on trouve en soi si l’on ferme les yeux. Avancer en aveugle, les mains devant, jusqu’à toucher l’obstacle, le contourner, ou le prendre de face. Embrasser du regard les nuances, tous les gris qui font illusion, comme se travaillent les encres sur la toile de nos émotions, de nos états d’âme. Les aveugles de naissance perçoivent un monde sans couleur, mais leur noir renferme la plus intense lumière qui soit, celle que nous possédons tous à l’intérieur de nous si nous savons rentrer suffisamment en nous-mêmes. Voir loin, très loin, sans se flouter l’esprit.
C’était son truc à elle. Se poser des questions, en chercher la réponse. Les pourquoi ne sont pas réservés aux enfants. Vouloir habiller de sens toute chose. Les évènements comme les individus qui les portent. Impossible d’échapper à l’intéraction avec l’autre, sinon être un Diogène dans son pithos. « Je cherche un homme » disait-il à ceux qu’il rencontrait tout en parcourant les rues une lanterne allumée en plein jour.
Une ecchymose à l’âme. Le corps de Marie, plongé dans le noir, passait à présent par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.
Nous irons dans ces lieux les moins appropriés Aux rencontres humaines Où sauvages les fleurs aiment à se retrouver En mêlant leurs haleines Vous tiendrez bien ma main moi je boirai vos yeux D’éternelles aurores Et de matins premiers en joies renouvelées Nos âmes prendront corps.