« Chaumière où du foyer étincelait la flamme,
Toit que le pèlerin aimait à voir fumer,
Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? »
Alphonse de Lamartine

Ce qui n’existe pas n’a pas d’histoire, mais ce qui a existé ne serait-ce qu’une fois, une heure, une journée, que cela soit un objet, une pensée, un poème, laisse une trace, une cicatrice du visible sur l’invisible.
Ainsi ce petit jouet de bois, ce cheval articulé monté par un cavalier en uniforme, remontait de manière vertigineuse, presque à la vitesse de la lumière, dans un espace-temps reliant les mémoires entre elles, tandis qu’on le descendait du grenier.
La flèche du temps venait de changer de sens pour se tourner vers le passé, donnant au présent la possibilité d’une intrusion dans le passé.
L’objet restituait par sa présence une mémoire intacte de toute subjectivité. Combien d’années avaient passé, je ne saurai le dire, tant les couleurs de ce temps retrouvé étaient réelles, vives, intègres. Le temps déroulait l’histoire et l’objet en était au centre.
Dans ce voyage temporel, l’objet nous enchâssait avec lui dans sa matrice. En prenant vie de nouveau devant nos yeux, il s’accaparait aussi un peu de notre âme et de l’âme de celui qui l’avait tenu, aimé, tiré pour le faire avancer à l’aide de la cordelette.
Plus jamais il ne sera oublié dans un carton, mis au rebut dans un grenier, plus jamais il ne voyagera de maison en maison, du moins tant que je vivrai. Il a repris sa place et en la reprenant a remis le temps en mouvement.