La vie au dehors

 

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Debout, derrière sa fenêtre, elle attend ! Mais au fait, elle attend quoi ? À vrai dire, elle n’avait fait que cela de toute sa vie, attendre. Qui, quoi, quel, lequel, et pourquoi ? Était-ce une chose, un être, la projection d’un rêve, son double?  Quel sauveur viendrait l’arracher à cette fenêtre, ou lui donner l’envie de l’ouvrir pour que l’air pénètre son intérieur. Serait-ce un père, un fils, un amour, un ami, un Dieu peut-être ? tout était prétexte à la sclérose. De l’autre côté, la vie défilait ; celle qui chante, qui vibre, qui prend tout : les orages, les crachins, les pluies qui fouettent les visages, l’eau qui inonde les plaines et celle qui les nourrit, et les gouttes qui s’accrochent aux carreaux en glissant tels des remords. Elle pouvait voir ainsi toutes les pluies, mais aussi tous les soleils, ceux des douceurs et ceux des morsures. Elle aurait aimé, pourtant, que le vent disperse la nostalgie embuée derrière la vitre en laissant échapper quelques trilles de ses silences.

La vie était hors, dehors, mais pas en elle. Peut-être, en désespoir de cause, casser la vitre ? Pour y voir plus clair ? Mais alors quoi faire de tous ces débris qui joncheraient le sol. Il n’y aurait pas seulement des éclats de verre à terre; il y aurait des souvenirs, des rires, ceux qui partagés dans un mimétisme font danser la lumière, des espérances, des solitudes, des joies et des chagrins. À vouloir quitter cette vie de derrière la fenêtre ne prenait-elle pas le risque de tout perdre, jusque cette vie même qui lui semblait être si peu…

Remettre à demain. Le soir tombe déjà, bientôt elle ne verra plus au dehors. Les rêves rempliront tout l’espace. Demain peut-être un vent doux comme un sourire viendrait non pas la délivrer, mais lui donner la force de se projeter dans le temps du réel et de danser avec lui.

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La césure fut brutale

 

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Il y avait bien un avant et un après ; un avant étiré dans le temps, qui tout à coup se concentrait comme enroulé sur lui même à ne plus pouvoir se scinder en périodes dans cet enchevêtrement.

L’engrenage des jours sur les jours, changeants et pourtant identiques , n’était plus assuré par la roue motrice d’un quotidien qui sait où il va. La transmission bien huilée, si naturelle jusqu’à ce point de non-retour, semblait ne plus pourvoir se faire dans les deux sens entre l’esprit et le corps.

Rien ne serait désormais plus comme avant. Et avant était déjà très loin, perdu dans la brume d’un hiver sans alternance de saisons. Avant était devenu un autre monde, inaccessible, insaisissable, étranger.

C’était bien là le plus angoissant, ce passé et ce présent empêtrés dans l’unique saison. Qui ne peuvent plus se comparer, se comprendre, s’alimenter l’un l’autre. L’un étant sourd, l’autre muet.

Et ce corps et cet esprit qui ne rêvaient plus ensemble, chacun allant à son rythme et ne pouvant plus justifier ainsi d’une usure égale et légitime.

N’est-ce pas un beau cadeau de la vie que de se dire à l’heure du crépuscule : de cette vie j’ai aimé toutes les saisons, les étés et les automnes, et les hivers n’ont jamais été si durs que je n’aurais pas souhaité les revoir, pour encore être dans l’attente, dans la consolation du printemps à venir. C’est peut-être cela l’Avenir, ce printemps à venir qui réconcilie, ressoude tout en les dissociant le passé avec le présent.

Entre ciel et terre

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Je voudrais m’approcher de ce jardin astral

Où planètes aujourd’hui sont tes guides éternels

Comme petite souris quand à la maternelle

Venais épier tes jeux, première vie sociale

Y as-tu retrouvé des amis, des copains ?

Pour refaire le monde, et orbiter la terre

Soulever la ferveur, recréer de tes mains

Ce que la maladie t’avait contraint de taire.

Les mots moins que l’image qu’ils transportent.

 

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Les mots sont toujours moins que l’image qu’ils transportent, pourtant ils dépassent souvent la pensée qui les a engendrés. Rester dans le cadre, c’est peut-être cela le plus difficile à celui qui tente l’écriture. Ce n’est pas en être prisonnier puisque le cadre peut toujours s’agrandir à l’infini, et cela d’autant que l’idée est du voyage.

Avoir assez de mots pour le dire… mais de façon ciselée, à la manière des dentellières qui brodent juste où il faut, quand il le faut, sans rajouts qui alourdiraient l’ouvrage.

Aux idées pures trouver les mots justes, les plus dépouillés, ne pas les charger en fioritures inutiles. Ne pas dénaturer le mot c’est aller au plus précis de la pensée. Les mots ont leur respiration propre , celle du large, de la haute mer. Reste à celui qui écrit de savoir naviguer.

Vibrent les ombres

vacances loire Avril 2015 009

 

Vibrent les ombres

Dans un flottement

Le temps impromptu

Se joue legato

 

Et ce silence…

Flou et pénétrant

Enlisé dans l’écho

Lointain et encore plein

De l’appétit nocturne

 

L’horizon

Se dessine

Tout contenu

Dans ce matin

Aux lueurs opaques…

 

Ne pas quitter le bal

Avant d’avoir appris

La danse des étoiles

 

Entre vivre et mourir

L’incommensurable

De la vie limitée

 

Les joies semblent infimes

Et pourtant essentielles

Pareilles aux petites choses

Qui traversent les mondes

Et passent

Les portes

Closes

Sur l’infini.

La veille du vingt-et-un septembre

Et toi, mon bel été, ma plus belle saison

Tu es parti matin emportant ma raison

Depuis dans toute chose après le grand transfert

Je regarde une rose et j’y vois ta lumière.

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Tu peux tout écrire ici, sur cette page de brouillon, au crayon à papier, tu finiras pas édulcorer, tu le sais bien, en recopiant puis encore quand tu appuieras sur le bouton « éditer » Il suffira pour cela de prendre juste un peu de distance, de celle qui permet de dire sans choquer le lecteur, de laisser passer assez de poésie pour préserver les différentes sensibilités entre celui qui conçoit et celui qui reçoit, pour cela tu voileras ton discours d’un tissu caméléon qui saura s’adapter à chaque âme.

Une fois les mots écrits, ils ne t’appartiennent plus en totalité ; ces mots parfois secrets, intimes, et cela même si le mot n’est pas la chose.

Tu crois que la poésie te sauve, mais c’est sa musique qui est le vrai passeur, le vrai sauveur. Aujourd’hui, la veille du vingt-et-un, tu la voudrais douce et remplie de lumière.

Le temps retranche, rajoute, rebat cent fois les cartes. Ne présume pas du temps qu’il fera demain. Déjà, d’avoir devancé le chagrin, il tente à s’estomper.

Le retour du cimetière est plus léger…

Une petite joie même infime, même si vraie que pour moi, une petite joie pour que les mots, eux aussi, profitent et rayonnent de ta présence.

Cette plume, je la prends entre les doigts, elle sait le chemin, celui contenu dans le mot je t’aime.

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Plume trouvée à mes pieds devant la tombe.

Quand bien même le temps…

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Le monde aussi

Cille du regard

Toujours ce mouvement

Accepter que tout change

Que se meuvent en absence

Les rires des enfants

Quand bien même le temps

Fatigué du voyage

Ne s’étonnerait plus

Du poids qu’il donne aux ans

Ni des jours et des nuits

Où court toute vie

Quand bien même le temps

Enroulé sur lui-même

Que d’avoir trop tourné

S’arrêterait de couler

Il resterait l’empreinte

Au creuset de mes veines

De ce point d’infini

Qui lui jamais ne tremble.

La poésie partout

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Plongée

Dans le reflet

Des jours et des jours

Qui ne sont à leur tour

Qu’une métamorphose

Du jour premier

Le monde se moire

De couleurs en couleurs

De parfums en parfums

De pierres toujours plus lissées

Au silence des rivières

En mouvance éphémère

Sur socle d’éternité.

 

 

A qui sait la voir

La poésie est partout

Je dessine un soleil

Et ma nuit disparaît.