Crissent les charnières
Des portes du temps
Ferme tes paupières
Le ciel est derrière
Et ta nuit t’attend.
Partir à la nuit
Partir à la nuit
Quand le corps ne retient plus le soleil
Et qu’il est l’heure
D’abaisser un regard lunaire
Rempli de regrets.
Ivre de vent.
Ivre de vent, de liberté
Les ailes à peine déployées
A la conquête de l’espace
Oiseau, ton vertige déplace
Son souffle sur nos vanités.
Il n’y a que les enfants…
Il n’y a que les enfants
Pour aimer jouer aux grands
Les grands eux ont oublié
Les grands ont perdu les clefs
Des cabanes imaginaires
Où le ciel rejoint la terre
Lézardes envahies de lierre
Sombres murs dépositaires
De prénoms entrelacés
Qui retiennent les baisers
Ombres emmurées dans l’enfance
Hauts lieux de reconnaissance
Dans ces pierres abandonnées
Aux promesses murmurées
Les cœurs gravés aux couteaux
Ne voient plus que les moineaux.
Quelques Haïkus
Nul vent sur le cœur
Les deuils ne se chassent pas
Comme des nuages.
Au faîte de la joie
Faire provision du bleu
D’un ciel ouvert.
Est encore joie
Le souvenir de la joie
Au cœur de la peine.
C’est avec le doute
Qu’il faut travailler la tourbe
Où croît le mystère.
Ne plus distinguer
Lequel en l’autre se meurt
Du lac ou du ciel.
Portes et fenêtres
Au château du souvenir
Claquent en silence.
Ces trésors enfouis
Secrets jamais exhumés
Au nom de l’amour.
Habiter ses rêves
Jusqu’à mentir à la vie
Finir par y croire.
Par la maladie
Qu’avons-nous à expier
Que la mort délivre ?
Pénètre à l’aurore
La mort aime les matins
Fermer les volets.
Au loin le silence
Présage une nuit dorée
Mouvement d’une âme.
La nuit, éclairée
De silence, chantera
L’ultime saison.
À mon grand frère…
Quand il n’y a plus de mots
Que le froid devient l’écho
D’une non présence
Et que vibre pourtant
Pour ceux qui restent
Le silence
Tout rempli de mémoire
Ta mort qui fut sans bruit
Résonnera longtemps.
Une Illusion.
Une illusion
Au moment où le corps glisse le long des berges
D’un destin fabuleux, mystérieux et vierge
Et que brille très haut la lune dans la nuit
Vous venez, tel un Dieu, habiter mon esprit.
Une douce moiteur échappée au réel
Floute ma conscience entre veille et sommeil
Si vous le voulez bien, restez pour le voyage
Nous collectionnerons nos plus belles images.
Le songe est au présent nous voici transportés
Dans l’ivresse et la joie d’un pays enchanté
Mais très vite vos lèvres empreintes de pâleur
Ne peuvent murmurer les mots doux à mon cœur.
La lune a vernissé le tableau qui m’est cher
Tout semble statufié, vos yeux…une illusion?
Votre bouche, vos mains, votre front haut et fier
Sont au rêve la fleur de l’imagination.
Vous, mon inachevé.
Vous, mon inachevé
Mon tableau remisé
Du rêve la clarté
Ne pâlira jamais
Quand enfouis mes regrets
J’irai pour regarder
Mon tableau remisé
Vous, mon inachevé
Une douce rambleur
Glissera sur mon cœur.
Poser ses doigts sur le piano.
C’est comme un rendez-vous d’amour
Où superflus sont les discours
On entre ici en demi-ton
En bémol mais au diapason
Toujours une première fois
Un peu de fièvre au bout des doigts
Par un toucher délicatesse
Apprivoiser sa maladresse
Incliner doucement le buste
Se concentrer pour jouer juste
Poser ses doigts sur le piano.
Aimer sans savoir qui on aime…
D’où vient cet amour éternel
Au cœur d’une âme abandonnée
Nos projections sont si réelles
Aimer sans savoir qui on aime
Rêver sans savoir que l’on sème
Sur nos jours ses nuits étoilées.