» Il faudrait que je cherche… »
Voilà ce que maman répondait chaque fois que remontait à mes lèvres la même question.
Cette question, tant de fois posée, tant de fois éludée, il aura fallu attendre la mort, pour en obtenir quelques réponses.
Bien sûr, j’allais devoir reconstruire le puzzle avec les pièces manquantes. Bien sûr, je n’aurai jamais la vérité, « sa » vérité.
Mon tableau reconstitué ne sera fait que de bribes, bribes que la mémoire se charge de transformer, de charger, de déblayer et de recouvrir.
Les pierres finissent toujours par remonter à la surface. Plus ou moins lentement, et le temps oeuvre pour que les vieux enfants finissent par construire, avec l’aide de ces pierres, un autre mur, un mur qui relie, et ne sépare plus, les vivants et les morts.
Le secret de maman, je n’en connais qu’une infime partie. Et si l’on venait à me questionner à son sujet, je dirais :
» Il faudrait que je cherche. »