Tous les bateaux ne prennent pas la mer

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L’arrachement des départs

Puis le retour au port

Monotone va-et-vient

Au flux et reflux des jours

Là où la vie s’étire

Entre une mer laiteuse

Ou de couleur saphir

Des pierres de Ceylan

 

Tous les bateaux ne prennent pas la mer

 

Constant est l’océan

Dans ce bain bleu immense

Qui porte en son silence

Tant de voix oubliées

 

Sans cesse recommencer

Jusqu’au désoeuvrement

La mer est un grand livre

Aux pages écornées

De récits de marins

 

Tout garder ou tout perdre

Ou ne rien retenir

Autre que ce qui est écrit

Au trouble des courants

 

Dans la brise qui agite

Leurs élans de départ

Les voiles ont-elles souvenir

Du prix de la liberté ?

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En ce jour…

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Que le ciel s’ouvre à moi un peu plus chaque jour

Que j’entende ta voix dans ce besoin d’amour

C’est le cadeau sans prix d’un fils à sa maman

Et mon cœur en est plein de ces jolis rubans

Ces boucles de satin que sont les sentiments.

 

Bien sûr je me souviens de ces colliers de pâtes

De ces cadeaux précieux faits par des mains d’enfant

Pour dire l’indicible il n’y a de vulgate

Pas plus de traduction à ce lien qui nous tend

L’un vers l’autre en ce jour de fête des mamans.

Sur la page blanche

Nouveau cahier ! Page immaculée. Deux défis pour une seule et même page : Le premier est de trouver les mots, ceux qui sonnent avec sens (si possible), le deuxième est de la tenir propre… sans trop de ratures ou griffonnages. Pas de grands changements, somme toute, avec mes cahiers d’écolière. Lettres bien formées, serrées… application, maîtrise de l’écriture redevenue enfantine comme à chaque cahier neuf. Ça se gâte très vite, je vous rassure…

Le mot juste, bien trouvé, voilà ce que la main attend de délivrer.

Voyons un peu ce que je peux y mettre. Un poème ? Un court récit ? J’opte pour le poème, risqué quand même surtout sur quatre strophes en alexandrins.

Le début du poème arrive rapidement, presque de façon spontanée , mais très vite s’évanouit dans le laiteux de la page…

 

Ne pas doser l’effort l’amour n’est pas un piège

Ni une forteresse où il faut tenir siège

Abandonnons la peur ce vol lent de vautour

Qui encercle l’élan en lui tournant autour.

 

La seule liberté est celle qu’on se donne

Et combien l’on grandit quand on s’y abandonne

Plus de freins à donner sans l’espoir d’un retour

C’est quand rien ne revient que le don est amour.

…..

Quatre strophes c’est rien mais sur la page blanche

Écrire sans ratures est autre paire de manches

Si de l’alexandrin la métrique est perdu

On peut toujours tenter à en faire un haïku.

…..

Sur la page blanche

Naître de son abandon

Prison de papier.

 

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Rêver c’est respirer mieux et plus

« Les grandes passions se préparent en de grandes rêveries. » G. Bachelard.

La poétique de la rêverie. Puf.

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Les enfants ont cette capacité toute naturelle d’intégrer le rêve au réel. Ainsi s’émancipe leur imagination vers des lointains dont ils sont seuls à connaître les destinations, seuls à en maîtriser les voyages. La pensée magique est un allié précieux chaque fois que le corps et l’esprit ont besoin de franchir des obstacles, de se confronter à la découverte de la réalité, de ce que les grands appellent « la vie ».

Les premières lectures, celles qui contribuent à forger l’ imaginaire, continuent d’alimenter très loin dans l’existence, si on le veut.

S’inventer un père, un frère, un ami… c’est se créer pour la vie le compagnon idéal, qui comble sans savoir, sans besoin de réponse à la question du qui suis-je, d’où je viens, où je vais ?

De ce trop plein de l’imagination coule une sève, un baume sur les blessures, les déceptions, les prises de conscience, et sur la vie qui nous échappe.

Pourquoi ne pas garder ce bien précieux tout au long de la vie ?

La poésie, la musique, la peinture, la littérature, ne sont que rêveries intimes livrées en partage et où chacun peut y puiser ce qu’il cherche.

Le rêve ressemble à cette vague propre à la respiration qui relie le poumon à l’air. Deux réalités distinctes, mais qui ne le savent pas et qui n’ont pas besoin de le savoir pour exister. Ainsi le rêve permet le passage d’un monde à un autre, d’une réalité à une autre, passe les frontières des possibles, les confins de l’immense, jusqu’à l’illimité.

Bercée par votre prose

Sommeiller en vos mots

Rêver que ces propos

Seraient écrits pour moi

Le rêve me dit : Ose !

Un livre est fait pour ça

Passer par tes fenêtres

Pénétrer ton chez toi

S’inviter dans ta tête

Et finir dans tes bras.

En nous l’infini qui respire

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Retenu le parfum des fleurs

Attend pour exhaler son heure

Nous ne faisons qu’aller, venir

En nous l’infini qui respire.

 
Notre âme sait déjà son chant

Elle est le fleuve et l’océan

Rien ne sert vouloir retenir

En nous l’infini qui respire.

 
La sève qui monte et descend

Dans l’homme se contient l’enfant

Aucune ride à venir

En nous l’infini qui respire.

 
Quand l’auto-guérison du cœur

Changera le chardon en fleur

Notre genèse en avenir

En nous l’infini qui respire.

La voix de l’absente.

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C’est peut-être la première chose qui se perd, la voix de l’absente, cette petite musique de celle que l’on croyait éternelle.

C’est maintenant que je ne peux plus l’entendre que je réalise combien ta voix était posée, calme, discrète, un peu comme toi en quelque sorte. La voix est certainement ce qui reflète le mieux notre personnalité.

Tu te tenais là, debout, pour nous, sans déranger, sans rien demander, dans une attente quasi perpétuelle de regards.

Ta stature était celle de l’attention. Une attention à nous, à l’autre, dans la bienveillance.

Ce qui nous fait grandir, ce n’est pas la vie qui s’écoule, s’amoncelle, formant derrière nous son tas de souvenirs, mais celle qui se perd dans l’absence des êtres qui nous sont chers. C’est par leur envol que nous gagnons un peu de notre ciel.

Ta voix, elle se trouve pourtant quelque part, peut-être cachée sous le glacis de cette photo.

Le présent est vorace, il voudrait dévorer jusqu’à notre peur.

Et quand j’ai peur du noir ou de la vie, c’est encore ta voix que j’appelle, c’est vers toi que je me tourne. Vers toi, debout, derrière ton voile de silence, patiente et qui m’attends.

La boutique du marchand de couleurs.

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La boutique du marchand de couleurs a bien existé. À elle seule elle est tout un poème… Le maître des lieux également. Je ne lui ai jamais vu d’apprentis ou de commis, pas plus que je n’ai aperçu sa femme durant toutes ces années. Il tenait donc seul la boutique et  se tenait lui-même, debout, sur le pas de la porte, toujours revêtu de sa blouse blanche. Il avait les cheveux plaqués sur le front et l’air sévère, genre croque-mitaine. Je crois ne l’avoir jamais vu sourire, même en disant bonjour. Nous passions d’ailleurs très vite devant la boutique et je n’y suis jamais entrée malgré mon attirance pour les grands pots qui contenaient les fameuses poudres de toutes les couleurs. Monsieur faisait ses mélanges et cela sentait la peinture au moins jusqu’à la boulangerie où nous achetions nos talons de biscottes pour le petit déjeuner.

La photo est celle d’une droguerie « à l’ancienne » comme on en voit peu à présent. La boutique du marchand de couleurs a disparu et je n’ai malheureusement pas retrouvé de photos de l’époque.

Le reste est fiction, enfin autant que nous ne mettons pas de nous en traçant quelques souvenirs.

Martin descendait à présent la rue à vive allure. À cette heure matinale il n’y avait pas trop de circulation, et tout en étant attentif il pouvait laisser aller son esprit à la flânerie. Il avait pris cette habitude, certainement due au métier, de se « dédoubler » quand la réalité devenait trop dure, trop douloureuse. Quel stratège que le cerveau pensait-il alors !

Il avait emprunté cent fois ce trajet à vélo et il était évident qu’il gagnait de précieuses minutes sur les voitures. Et ce temps volé au temps, il préférait le passer avec ses collègues ou amis, au café .

Il aimait ces quartiers qui étaient presque des villages dans la ville et où tout le monde se connaît. D’ailleurs il n’aimait pas que les choses changent, il trouvait cela déstabilisant comme une perte de repères. En passant devant la boutique du marchand de couleurs il ralentit sa course, histoire de humer l’odeur prégnante de la vieille droguerie. De sa grand-mère, le souvenir lui revint, comme celui des jours où l’on râpait les pains de cire pour la faire chauffer doucement dans l’essence de térébenthine ; ensuite, il suffisait de laisser prendre, comme les confitures, et l’on avait une bonne encaustique pour parquets et meubles en bois ciré.

Pendant qu’il s’engageait dans l’avenue , il leva les yeux vers la vieille horloge posée tel l’œil du cyclope sur le fronton de la gare, en vérifia l’exactitude en comparant l’heure à celle de sa montre, et se dit que cette fois, il lui fallait s’activer s’il voulait prendre le temps d’un café.

Une journée ordinaire…