Elle le regarde !

Elle le regarde ! Le coude appuyé sur la table, le buste incliné en avant comme pour réduire la distance qui les sépare. La tête se penche légèrement sur le côté, attentive, dans un geste d’abandon.

Elle le regarde ! Et ne voit plus rien tout autour. L’espace semble se réduire comme pour mieux les enserrer l’un à l’autre.

Elle le regarde ! Elle l’écoute et le regarde, et son regard se fait écoute, tant elle ne veut rien perdre, tout enregistrer, par tous les sens retenir, absorber ce qui pourrait se défendre d’exister, comme on le fait d’une lecture quand les mots ont une voix, juste pour soi, dans son intimité.

Elle le regarde ! Son élégance, ce charme naturel que seul donne l’esprit.

Elle le regarde ! Ne veut pas rompre la magie. Elle se sent petite, toute petite, puis soudainement immense quand c’est lui qui la regarde.

Elle le regarde ! Sa main frôle sa main, sa voix est caresse.

Elle le regarde ! Son inconnu, dans l’instant reconnu .

Elle le regarde !

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Accepter que tout change… hormis son empreinte

 

Le monde aussi

Cille du regard

Toujours ce mouvement…

 

 

Accepter que tout change hormis son empreinte.

 

Ce va-et-vient

D’un monde qui se crée

Dans le même temps

Qu’il nous échappe

Rester à la tangente

Entre fini

Et infini

Quelle histoire

Que la vie !

 

Qu’avons-nous oublié par la naissance que nous devons retracer chaque jour à l’encre du souvenir ?

 

Maman me disait

Ne cherche pas à comprendre…

Tête brûlée cherche l’étoile.

L’amour est ce soleil appuyé aux lèvres du temps.

Dans l’incomplétude d’une vie morcelée… gagner du temps, devancer les manques à venir.

 

Au creux d’une paume

l’illimité de l’amour

ne peut se tenir

 

Vaste, si vaste est l’espoir ; courte, si courte est la vie.

Du meilleur au pire, du pire au meilleur, sur la marelle des jours gagner son soleil.

Combien de bons points dans la poche, combien de lignes à recopier au bout du compte ?

– « Vous êtes punie, vous n’avez pas bien appris votre leçon. »

Circonstances atténuantes : je n’ai appris de la vie que le verbe aimer.

 

Nous, bons ou mauvais élèves, attachés que nous sommes à l’origine des choses, nous ne cessons de

refaire le chemin à l’envers.

 

Nous naissons tous inachevés.

 

Accepter que tout change

Ne se retienne

Ne reste

Ni l’étonnement du jour

Ni son effacement à la nuit

Rien

Hormis son empreinte.

 

Ce qui a été

Même une seule fois

Ne peut disparaître

Ainsi nous allons…

Regards essuyés entre deux battements de paupières.

Mélodie portait bien son nom

Mélodie portait bien son nom.

C’est en voyant le visage lisse du nouveau-né, non marqué des souffrances de la naissance, que sa mère, amoureuse de musique et de poésie, décida que ce prénom irait à merveille à la petite fille.

L’officier d’état civil avait levé des yeux interrogatifs vers le père avant d’enregistrer le prénom.
– Ma première Mélodie lui avait-il dit dans un sourire.

Mélodie grandissait harmonieusement.
Le bébé tranquille avait évolué en petite fille sage puis en une jeune fille douce et paisible, sans que rien ne vienne troubler cette félicité.

Aucun chagrin, aucun nuage, pour venir assombrir l’expression insouciante du non-savoir.

Mélodie se bercait de sons, d’images. Son imagination débordante l’emportait souvent très loin des limites de la propriété, de ces lieux qui retenaient si bien l’enfance.

L’évasion par le rêve, ses labyrinthes secrets, ses mystères, ou réel et imaginaire se croisent, se toisent, se télescopent parfois, s’interpellent souvent, nourris par les livres de la grande bibliothèque.

Si le tumulte extérieur avait pu arriver jusqu’à elle, il l’aurait effleurée à peine tant la sérénité de son âme la protégeait des vicissitudes du monde.

Mélodie semblait traverser la vie comme le soleil d’avril traverse la feuille encore tendre, tout en transparence, sans la blessure, abandonnant au cannelé de ses bords un peu de sa lumière céleste.

Si elle ne connaissait pas de ces joies extrêmes qui emportent tout, laissant désolation et tourments si elles viennent à quitter le cœur élu, le destin l’avait préservée des grands malheurs qui fracassent l’insouciance, scindant la vie en un avant et un après impossible à réunir.

Comme une ombre sur l’âme qui n’existe que par sa lumière, Mélodie savait que cet état de grâce ne pourrait perdurer une fois qu’elle serait confrontée au monde extérieur.

C’est pourquoi elle restait bien à l’abri dans sa jolie bulle.

Son monde était si peu de ce monde.

C’est peut-être cela la poésie…
Une bulle irisée par de fragiles arcs-en-ciel.

Dans le non-savoir
je puise à l’insouciance
de l’enfant poète

 

 

 

 

 

 

 

 

À l’heure où le bleu calme les fièvres

Josette Hersent - Poésies et Photos ©

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C’est l’heure où les faiblesses deviennent des forces, où la fragilité se fortifie de la fierté du tenir, et où le chemin se pave de persévérance.

À l’heure

Où le bleu

Calme les fièvres

Où tout se noie

Se confond

S’abandonne

À l’indistinct

De l’horizon

Effacement d’un monde

Aux contours imprécis

Dans le vaste

Qui s’étire

Fleurs de silence

Sont les mots

Que la nuit embrasse

Et puis comme un rappel

Ce tête-à-tête

Avec l’absent.

Voir l’article original

À chaque jour sa lumière

 

Avant que le temps ne s’immobilise, boire à la lumière du ciel ce nouveau jour qui pleut.

 

 

À trop m’être approchée du ciel
De ses merveilles
Je me suis perdue dans la nue
Sans retenue
J’ai bu l’amère déraison
De la passion
Quand mes lèvres se sont bleuies
De paradis
La fièvre infusait à mon corps
Naissance et mort.

 

 

 

 

Les retours à la vie

 

Les retours à la vie

S’inventent des chimères

Font grossir les rivières

Et déborder leur lit

 

Ne me demandez pas

Le poids des illusions

Ces fleurs que nous semons

Qui fleurissent au-delà

 

Ne me demandez pas

L’agilité du pas

À sauter de l’errance

Vers la reconnaissance

 

Toutes ces existences

Leur montée en puissance

Et l’âme suspendue

Au regard attendu

 

Qui donc me revient

Que ma mémoire pressent

Dont le corps se souvient

Depuis la nuit des temps

 

Les retours à la vie

S’inventent des chimères.

L’oiseau tombé du nid

L’oiseau tombé du nid reposait sur la branche

Du vieux pommier la vie prenait là sa revanche

Il paraissait dormir de ce sommeil d’enfant

Loin du sens de la vie et des rigueurs du temps.

 

Je me suis approchée de la petite bête

Son aile recouvrait partiellement sa tête

Dessous l’épais duvet où palpitait son cœur

On pouvait deviner des soubresauts de peur.

 

La faim le réveilla il se mit à piailler

Et son chant pour se faire était triste à pleurer

Ses petits cris perçants qui fendaient l’air du soir

Ignoraient que le ciel se ferme au désespoir.

 

Il appelait sa mère au secours et sa faim

À présent telle une ombre emplissait le jardin

Que savait l’oisillon en ce moment précis

De mon cœur, de ma peine, à le savoir ainsi…

Le poème s’écrit

 

 

Parfum
D’encens
Échappé
De terres inconnues
Îles lointaines
Renfermant
Leurs secrets

Moiré
De crépuscule
L’indécis
Se profile
Ondule
Son silence
Sur les choses
Et les êtres

Avec
Pour seul postulat
Sa présence au monde
Du plus occulte
Au plus intime
Le poème s’écrit.