Nous n’existons que par la promesse à venir.
Magnifique est la confiance des fleurs à se refermer chaque soir dans cette espérance du matin à s’ouvrir à nouveau.
La quiétude du moment ne peut suffire au bonheur. Il faut la joie, contenue dans la promesse de son éclat, qui chaque fois a le pouvoir de se dépasser.
Nous n’existons que par la promesse à venir… celle qui nous tient tout entier, qui nous contient bien avant que nous ne la pressions dans la paume de notre main.
Le rêve n’est-il pas un arrangement avec la réalité ? Un mariage entre un désir et sa promesse, s’étirant déjà dans l’ailleurs.
Exister dans cette attente, c’est tenir la promesse en éveil. C’est garder notre rêve aux confins de tous les possibles.
La succulence du fruit n’était-elle pas déjà contenue tout entière dans la fleur ?
La vie confisquée ne peut nous être rendue à son point de rupture. Le présent compte, mais son bonheur fugace ne peut que se fixer dans une incertitude. Il faut la promesse de la joie et de son jaillissement futur.
La démesure…
La démesure…
Mon amour
Tel un soleil au coucher
Pénétrant la mer immense
De ce couronnement d’or et d’ambre
L’onde en a laissé
Le reflet
À l’iris de mes yeux
Comme pour mieux te contenir
Mon amour.
Miroir
Sous la percée d’un soleil d’avril.
Sous la percée
D’un soleil d’avril
La traversée
Du silence
Crisse
Sous les pas feutrés
De l’absent
Le ciel effeuille
Mes certitudes.
J’attends ton retour
Et avec lui
Le plein été.
Pour vivre plus, rêve !
Quand il donne
De la vie
À la vie
Le rêve
Dépasse
La
Réalité.
Entre notre intérieur et notre extérieur les vases sont communicants.
« Nous avons une légère avance sur la grande vague noire dont parfois nous entendons le grondement au loin. Que faire de cette avance vite perdue ? Qu’en faire de sensé sinon rien, marcher sur une route de campagne,, ouvrir un livre, regarder une rose faire craquer son corsage ? »
Christian Bobin .
Entre notre intérieur et notre extérieur les vases sont communicants.
Vieillir… ou quand la fragilité du corps gagne sur la force de l’esprit…
Nous ne sommes pas plus qu’hier ou moins que demain, pourtant le poids entre extérieur et intérieur finit toujours par s’inverser.
À quel moment se fait la bascule ? Pas au même rythme pour tous ; les grands changements s’opérant en fonction du vécu, des acquis, expériences, et des bons ou mauvais gènes propres à chacun. Ainsi notre glaise se transforme plus ou moins rapidement, plus ou moins consciemment, plus ou moins dans l’acceptation ou la résistance.
Tant que j’apprends, j’ai l’impression d’aller de l’avant, mais surtout d’être vivante, pourtant l’inévitable métamorphose commence bien avant la naissance. C’est une loi inscrite dans le grand livre de la vie, et nous ne sommes pas plus libre dans ce domaine que la chenille et le papillon.
C’est une course contre le temps : de celui qui passe, qui s’est perdu, qui manque, que l’on donne. Nous nous retrouvons donc être dans cet espace, propre à chaque individu, gardien et prisonnier de ce temps qui nous est imparti. Entre course et abandon nous jonglons le plus possible, le plus longtemps, pour maintenir notre balance à son point d’équilibre.
Ce glissement insidieux et délétère nous porte pourtant vers une métamorphose, et tel le papillon le fait pour déployer ses ailes, nous devons quitter notre confort et apprendre à abandonner pour s’abandonner… Sachant que le changement est inévitable, mais que la transformation n’implique pas la perte d’identité, et que nous n’abandonnons que cette part vouée à l’éphémère.
Se détourner du miroir n’en ôte pas l’objet. Faut-il pour autant accepter l’image qu’il nous renvoie, ou celle que nous renvoie l’autre ? Et si notre visage finit par ressembler à un livre ouvert , c’est nous seul qui l’avons écrit et qui décidons de son avenir, comme le détourner des regards en le cachant dans un coin obscur de notre bibliothèque ou de le laisser au chevet de notre rêverie s’inventer d’autres chapitres et continuer à s’écrire.
Que le temps s’arrête pour ailleurs renaître
Que le temps s’arrête
Pour ailleurs renaître
Sans nul autre ancrage
Qu’un vierge rivage
Libre de brisants
Mon amour sauvage
Tournera les pages
Du maître des vents
Reviendront les mots
D’abord par l’écho
Des lèvres d’antan
Habillés des rires
De Flore et Zéphyr
Sur la tour des vents.
Écoute et entends !
Écoute et entends !
Dans la voix du vent
Ce chuchotement
Léger bruissement
D’une âme légère
Effleurant la terre
Regarde à présent
L’encre du mystère
L’îlot de lumière
Passe les barrières
Souffle sur nos vies
Sa soif d’infini.
Écrire pour retirer du silence au silence
« et puisse être la mort
cette chemise d’eau qui glisse du bras
après la nage
et que soit la tristesse
cette lumière répandue dans l’herbe
qui fera le soir venu
un autre ciel à la mémoire »
Jean-Pierre Siméon
Et ce soleil
Qui est venu te chercher
Ne pourra atténuer
La tristesse des vivants
Ce contraste à la nuit
Cette claque dans le silence
Et ce chagrin immense
Au matin
Était-ce pour te vêtir
Comme l’est la jeunesse
D’un habit de lumière
Ou bien pour nous dire
Que le deuil d’une mère
Emporte avec lui
Le cœur de toutes les mères
Écrire pour retirer
Du silence au silence
Pour relier les vivants
Dans l’absence
Passer la porte des ténèbres
Et que dans l’obscur
Brille une lumière.
À Mathieu et Françoise