
Tu les vois
Ces pas
Laissés sur l’estran
Entre deux marées
Et que la mer efface ?
À peine évoquée
Que notre vie passe
Ne serions-nous
Qu’un rêve ?
L’empreinte furtive
D’une âme sans âge
À l’étole du temps
Posée
Aux frêles
Épaules.
Tu les vois
Ces pas
Laissés sur l’estran
Entre deux marées
Et que la mer efface ?
À peine évoquée
Que notre vie passe
Ne serions-nous
Qu’un rêve ?
L’empreinte furtive
D’une âme sans âge
À l’étole du temps
Posée
Aux frêles
Épaules.
Tu peux tout écrire ici, sur cette page de brouillon, au crayon à papier, tu finiras par édulcorer, tu le sais bien : en recopiant, puis encore avant d’appuyer sur le bouton « éditer »
Il suffit de suggérer. Là est la puissance de l’écriture : la suggestion.
Et le poème en est la matrice à travers son mystère.
Dans le flottement de nos mémoires usées, il y a ce peu qui reste et résiste. L’écriture c’est souvent cela, un peu qui persiste et se signe. Comme une petite lampe restée en veilleuse et que la poésie ravive.
Le poème va bien au-delà des limites de l’oubli. Il creuse, vient nous arracher à nous-même, et de si loin parfois que l’on finit par se perdre en lui. Pourtant c’est par lui que nous sommes au plus près de l’intime de notre être, et que nous pouvons devenir, par une sorte de grâce, ce que nous écrivons…
Tu crois que les mots du poète te sauvent, mais c’est la musique de sa poésie qui est le vrai passeur, le vrai sauveur.
Poésie ! parfum qui réintègre sa fleur.
Grâce de l’espace/temps vibrant de même corde, entre deux mondes que nous nommerons réel et rêve.
Ondes venues de l’étrange, de l’inhabité, où
glisse si bien la nue de l’absence sur nos sensibilités.
La poésie n’est rien d’autre que cette présence discrète sur une absence à combler.
Demain les mots s’arracheront au silence, à leur sommeil profond. Est-ce le rêve qui les aura engendrés ou viendront-ils d’un ailleurs inattendu ?
Au-delà de l’aube au long sommeil et de l’abandon des mémoires.
Comme la fleur revêtue de rosée
Être innocent de la joie qu’on transporte
Il faut faire nombreux pas de côté, plusieurs chassés-croisés, pour dans cette mouvance gagner quelques pas de danse.
– Le remonter ?
– Quoi donc ?
– Le temps…
Plus fragile que le rêve, l’instable réalité finit toujours par nous rattraper.
Ces instants uniques que l’on voudrait éternels, ne doivent leur préciosité qu’au fait qu’ils sont éphémères.
Pas le temps de goûter les prémices de la joie, l’exquis de l’instant, que le temps nous les ravit.
Ravissement.
Abandon.
Ravir comme abandonner, ces mots à double sens.
Quoi de plus émouvant que l’abandon dans l’amour, le ravissement éprouvé.
Adélaïde n’en revenait pas : à peine un souffle imprévu avait vaincu ses résistances que le temps plaqua à terre ses illusions.
Ces choses si belles, ces précieuses que l’on voudrait retenir, Adélaïde en gardera le rêve, la présence invisible, le souvenir pour compagnon d’âme.
Retenu le parfum des fleurs
Attend pour exhaler son heure
Nous ne faisons qu’aller, venir
En nous l’infini qui respire.
Notre âme sait déjà son chant
Elle est le fleuve et l’océan
Rien ne sert vouloir retenir
En nous l’infini qui respire.
La sève qui monte et descend
Dans l’homme se contient l’enfant
Aucune ride à venir
En nous l’infini qui respire.
Quand l’auto-guérison du cœur
Changera le chardon en fleur
Notre genèse en avenir
En nous l’infini qui respire
Les secrets de l’aube
les replis de la conscience
dans les draps du jour
De demeures en demeures passe tous les obstacles
N’attends pas que le ciel se couvre de miracles
La vie seule est prodige à tous les contenir
L’Amour ! L’Amour ! L’Amour ! du Graal le devenir.
Un diamant taillé capte plus de lumière
Ô Château intérieur ! Ô refuge ! Ô sanctuaire !
De la rose des vents au sable du désert
Dépose sur mon cœur de sa clarté lunaire.
Quelques mots, un ressenti. Aucune interprétation qui serait malvenue.
La révélation
L’impossible
Consolation
Maladie
Seul l’enfant
Indemne du savoir
Le cri de la mère
La stupeur du père
De ce qui n’est déjà plus la vie
Sans pourtant être la mort
Survie
Le garder
Le plus longtemps
Tout en sachant
L’inéluctable
Lui donner notre force
Lui ôter de sa mort
Par l’espoir chevillé au corps.
*
Vainqueur
Avant l’heure
En sa chair
Le néant
S’immisce
S’invite
Doucement
Irrémédiablement
Insuffle
Son sépulcre
Non pas
Pour en extraire
La vie
Mais
Pour la pénétrer.
La concentration dans l’écriture ? Point trop n’en faut.
C’est dans cet espace entre application et vagabondage de l’esprit que naît la création.
Ceci est particulièrement probant pour la poésie.
Dans cet intervalle, ce no man’s land , surgiront de l’inconscient les plus belles images ; ce sont elles qui formeront le contenant du poème.
L’éclat du contenant déterminera l’émotion ressentie.
Le contenu viendra en sublimer la poétique.
Le poète, à l’aide de mots, cisèlera le fond et la forme, ajoutera de la musique, de l’ombre à la lumière, de la lumière à l’ombre.
Pour que contenant et contenu vibrent ensemble.
Le temps s’écoulera sans le poids des années
Et toutes les saisons auront un goût d’été
Je lirai votre prose et vous direz mes vers
Nous vivrons au pays de Proust et de Flaubert.
La joie, sève du cœur, coulera dans nos veines
Nos corps seront plus forts, nos têtes plus sereines
De nouvelles douceurs inconnues à nos lèvres
Un miel aux mille fleurs pour apaiser nos fièvres.
À nos jardins secrets aux communes fragrances
Ces parfums émanés de mêmes espérances
À nos demains rêvés, nos aujourd’huis vécus
Paradis retrouvés d’une enfance perdue.
Nos pas soulèveront autres réminiscences
Ces impressions vécues qui fleurent à la conscience
Les gens diront de nous devant cette harmonie
Il faut avoir en soi un peu de crédulité pour croire au Merveilleux.
Marie n’en manque pas.
Le Merveilleux… Marie le cultive. Comme on prend soin de ces petites fleurs qui n’ont d’autre prétention que de se trouver là, sur notre passage, et qui font que notre pied s’écarte, mais sans crainte ou regret, avec même une certaine légèreté.
La rencontre avec la beauté doit rester un moment de douceur.
On ne piétine pas la beauté, pas plus que le Merveilleux.
Si le temps venait à rétrograder brutalement, Marie ne chercherait aucunement à effacer les traces laissées dans son esprit par ce revirement inattendu.
« Seules les traces font rêver «
Il faut beaucoup de départ pour une seule arrivée.
Le désenchantement ne creusera pas d’ornière impossible à traverser.
Le Merveilleux empruntera ses semelles au vent, glissera dans les sandales ailées des dieux de l’Olympe, enfilera les bottes de sept lieues de l’imagination.
Il ouvrira dans le vaste les voies nouvelles où perce l’horizon.