« Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué… »

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« Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué… »

Jacques Rouxel

 L’ordre dans le désordre, tout est planifié…

 Je l’aime bien ce petit arbre, qui se détache, isolé, planté dans son champ. Sa simplicité face à l’adversité est touchante. Il se tient là, debout, avec sa résistance aux intempéries, aux hommes, solitaire. Sa beauté tient dans sa fragilité, toute concentrée dans ce temps qui lui est imparti à se maintenir en place.

Loin de ses congénères peut-être parle t-il au ciel ou à ses racines, tel l’ermite dans sa grotte repousse les limites de la connaissance qu’il a de lui-même…

 Simplicité ! le mot sonne comme une utopie, un Graal obscur et lumineux à la fois, difficile à atteindre.

Quand la complexité tient de la vie même, la simplicité n’est pas dans l’ordre des choses. Si je devais lui mettre un visage, sa peau aurait une texture si fine, si légère, qu’elle paraîtrait presque éthérée.

Mais nous sommes d’argile…

Un frémissement

À peine perceptible en surface

L’immobilisme est mortifère

Un monde à l’intérieur d’un autre

Couve en silence

Ondule

S’imbrique

Nous enlace

Nous embrasse

Nous dévore.

L’infini déployé à l’intérieur de notre finitude.

Le complexe aura toujours une avance sur la compréhension que nous en avons. Nous découvrons chaque jour plus de complexité à la vie. Les fossiles datant de 520 millions d’années lèvent juste un coin de leur mystère. Que diront de nous nos os fossilisés dans 520 millions d’années ? Que nous savons ? très peu… juste un plus que l’arbre qui résiste aux champignons et insectes qu’il abrite.

L’ordre dans le désordre. Simple et complexe enchevêtrés. Tout est planifié, vouloir notre autonomie serait un leurre voire un danger. Gardons à note corps l’argile et rêvons que notre Esprit soit d’éther.

 

 

 

 

 

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La sagesse de l’ange

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Seulement s’il le veut m’a répondu le ciel

Le choix doit être libre il n’est de bon conseil

Qu’à celui qui est prêt à tendre son oreille

Notre rôle n’est pas de répondre à tes souhaits

Mais d’être à tes côtés pour te faire évoluer

Si nous sommes avec toi tu portes tes valises

Les contours restent flous aux âmes indécises

L’amour n’a d’autre loi que d’en avoir aucune

Les assauts de la mer, le calme des lagunes

Quand tu offres ton cœur n’attends pas qu’il revienne

Car tu perdrais ta joie en lui volant la sienne.

 

« Je est un autre »

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 » Je est un autre. Tant pis pour le bois qui se trouve violon, et nargue aux inconscients, qui ergotent sur ce qu’ils ignorent tout à fait ! »

Arthur Rimbaud

Lettre à Georges Izambard

Extrait

 

Conte à dormir debout…

 

Mon rêve de la nuit s’est perdu jusqu’au bord…

Du jour, là où fleurit une herbe frisée d’or

J’ai voulu le garder comme on garde un secret

Morphée m’en a ôté et la porte et la clef.

Combien de temps est-il resté dans cette antichambre entre ombre et lumière ? Cela lui revient par bribes, quand la lune est pleine et que ses nuits s’agitent. Cette fois dernière, était-ce un songe, une illusion ? Le transport dans une autre réalité l’imprégnait au réveil d’ un sentiment étrange, tel celui : « je est un autre ». Il faut au réel du jour pour exister.

Observer. Seulement cela, observer. Il ne s’agit pas d’être d’accord ou pas avec ce qui se passe dans notre cerveau à ce moment précis, de porter un jugement ; il n’y a rien à décider du bien ou du mal ou chercher à s’en défendre ou ce genre de chose. Il y a juste à accueillir, le matin effacera en partie ce pan d’une réalité inconsciente qui échappe au conscient. Chercher à avoir une quelconque maîtrise, ou donner du sens à ce que notre esprit rationnel comprend comme étant irréel, serait vain. Le rêve est bien réel, du temps qu’il se réalise à celui où sa trace perdure durant l’éveil.

Depuis peu le rêve était devenu récurrent, cela ne l’inquiétait plus, l’habitude tue l’inquiétude. Il en était presque étonné quand le rêve sautait un soir de pleine lune. – Ma mémoire me ferait-elle défaut ? pensa t-il la première fois.

Le songe à présent n’était plus synchro avec la lune. Cela le turlupinait tant et tant qu’il restait éveillé des heures durant, fixant la lueur lunaire qui passait à travers les persiennes ajourées. Mais point de songe.

Et puis.. il est revenu, sans avertir et sans suivre le calendrier lunaire.

Dès lors le rêve se mit à emplir toutes ses nuits, à tel point qu’il y pensait constamment et que peu à peu il n’arriva plus à dissocier le jour de la nuit.

L’onirique voyage passait toutes les barrières, son rythme circadien en était profondément perturbé. Son taux de mélatonine chutait de façon inquiétante et ses synchronisateurs n’étaient plus en phase.

Vous le verrez peut-être passer, l’air absorbé par cette lune où les rêves naissent et reviennent mourir, quand la réalité nous échappe pour s’évanouir vers un ailleurs, inconnu de notre réalité.

 

Il est de ces secrets tels de petits billets

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De ces nuits où les songes amis avec le vent

Passent la grande porte de nos atermoiements

Entre lumière et ombre il faudra bien choisir

La grande roue du temps souffle nos souvenirs.

 

Il est de ces secrets tels de petits billets

Qu’une main bienveillante aimerait déposer

Dans le fond d’une poche ou le creux d’un tiroir

Serments et souvenirs remplissent les armoires.

 

On ne peut négocier au ciel l’inexprimable

Il faut encrer de bleu le blanc de l’ineffable

L’indicible est sans tain au grand miroir de l’âme

L’écho de ses reflets s’épuise aux brise-lames

 

Les secrets bien gardés finissent par se taire

Enfouis dans les chagrins ils errent solitaires

Dans le tiroir du cœur on trouve des cachettes

Empreintes de pudeur et de fleurs secrètes.

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De la transparence de l’écriture…

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 » Ah ! comme elles ont passé rapidement les années ensoleillées de ma petite enfance, mais quelle douce empreinte elles ont laissée à mon âme ! »

 » Pourquoi parler d’une joie délirante, non cette expression n’est pas juste, c’est plutôt la paix calme et sereine du navigateur apercevant le phare qui doit le conduire au port… »

« Histoire d’une âme » Sainte Thérèse de l’enfant Jésus.

Quoi de plus beau qu’un texte qui vient du cœur, qui en contient la musique et la poésie. Cette pureté de ton, qui transcende les mots simples, ne peut venir que d’un être porté par la grâce.

Mais pour nous simples humains…

L’écriture c’est comme la vie, au début on brode autour, quand on avance on élague, et à la fin on ne garde que l’essentiel.

Par-dessus tout, j’aime lire ceux qui écrivent comme ils parlent, mais pour arriver à ce stade de dépouillement, il faut soit avoir un don, soit avoir des années d’écriture derrière soi, soit être touché par la grâce comme Ste Thérèse.

Il reste que c’est très plaisant pour le lecteur. Je pense que ceux qui ont cette faculté possèdent aussi une grande culture générale et une excellente maîtrise de la langue. Écrire comme on parle demande de la dextérité ; une fluidité du langage dans le parlé et dans sa transcription à l’écrit. Il vaudrait sans doute mieux dire, écrire comme on parle quand on parle bien, car bien parler s’apprend aussi et en partie… dans les livres.

Écrire comme on parle n’est donc pas chose innée. La facilité apparente résulte d’ un long travail d’élagage quand les mots pensés doivent être reformulés en signes. Pas si simple de passer de la pensée abstraite à la pensée écrite, sans en déformer les contours, sans rajouts de fioritures, la garder au contraire limpide et fidèle sans tomber dans la fausse transparence d’une écriture qui voudrait se dévoiler sans se mettre à nu.

Le mot juste à l’écrit, c’est celui qui s’adapte parfaitement à la pensée comme la pièce d’un puzzle qu’on dépose et qui donne sa cohérence au tableau final.

S’il est difficile d’écrire comme on parle et il est pratiquement impossible de parler comme on écrit ; sauf discours préparé à l’avance et donc, de fait, travaillé et écrit. La transcription dans ce sens demande de l’analyse, de la méthode, toute spontanéité dans le discours devient un risque, et les improvisations pas toujours heureuses.

La justesse tient dans cet équilibre entre spontanéité et culture ; rien n’est plus beau à lire que le texte d’un écrivain, de grande culture, qui réussit à rendre limpide le compliqué, tout en préservant son sens au texte. Cela rejoint ces grands scientifiques qui savent parler et écrire les choses qui nous échappent, en les mettant à notre niveau, donnant ainsi à ceux qui les écoutent, les lisent, l’impression d’être intelligents.

 

 

 

Un double anniversaire

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Ma tristesse et ma joie sont de même naissance

Un double anniversaire aux derniers jours d’été

L’équinoxe d’automne enflamme mes journées

Et sur mon horizon se joue un pas de danse.

 

En cet enfant mort-né qui n’a pas vu le jour

Se consume à jamais la flamme de l’amour

Et comment respirer sans respirer son air

Sinon être l’apnée d’un poumon solitaire ?

 

Mon rêve de la nuit bien qu’en alexandrins

N’aura pas survécu au soleil du matin

Ainsi l’amour décline aux feux des projecteurs

Quand de l’ombre il lui faut si l’on ne veut qu’il meure.

 

Ô joie ! emprisonnée dans ton indifférence

À ne pas écouter mon rire de faïence

Te faire revenir tinter sur mes silences

Et que puis-je aujourd’hui à cette mésalliance ?

« La peur n’évite pas le danger »

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« La peur n’évite pas le danger, le courage non plus. Mais la peur rend faible, et le courage rend fort. »

Misha Defonseca

Exorciser la peur, oindre son esprit au miel des mots, tout doux, tels ceux des poètes. Des mots clairs, comme le jour, à en découdre les fils bien serrés de la nuit. Seule la confiance nous délivrera de la peur de la mort. Confiance en la vie et confiance en l’amour. Inutile de nous armer de courage afin de désarmer la peur, nul combat ne serait à la hauteur, puisque le duel se tient de la hantise de perdre ou de gagner.

Et pourtant…

Il n’empêche…

Il y a ce creux à l’estomac.

Et avec lui :

-Ce délitement de l’arrogance du corps.

-L’été qui s’efface au flambant de l’automne.

-La rambleur d’un crépuscule qui bistre toute chose.

-Le parfum qui enfièvre l’esprit, tantôt fulgurant, tantôt tenace, tel celui des fleurs de la nuit, de celles qui ne s’ouvrent qu’au crépuscule de la pensée, quand tout au dehors se tait et qu’il ne reste plus que cette rumeur qui monte de l’intérieur du soi.

-L’angoisse du papillon qui a perdu ses ailes et craint de redevenir chenille.

-L’épée de Damoclès vacillante au dessus de la tête.

-Ce demain qui serait tout sauf avenir.

-Ce pourquoi qui remonte des lèvres de l’enfance.

-Le bon silence qui se perd dans l’inachevé.

 

En équilibre sur deux mondes.

2 Signée.jpgEn équilibre sur deux mondes

Un presque rien qui vagabonde

Imperceptible comme un souffle

Une petite âme s’essouffle

Dans l’ombre déjà de l’été

À l’équinoxe de sa beauté

Du bleu au vert, du cyan au rose

Au ciel c’est la métamorphose

Le corps passe du chaud au froid

Lorsqu’il déserte son beffroi

De tour d’ivoire en voie lactée

Ta voix ne m’a jamais quittée.