
Simone ne tenait pas de journal. Depuis son mariage avec Henry, elle notait ses bouts de vie sur le calendrier 21×27 cm désigné : « »Almanach des postes, télégraphes, téléphones ». Il arrivait à Simone d’y apposer sur certains jours une simple croix, dont elle était la seule à connaître la signification.
Elle se devait de choisir avec soin celui qui, une fois épinglé sur le mur de la cuisine, y resterait l’année entière, ferait même office de décoration s’il venait à représenter l’œuvre sur toile qu’elle ne pourrait jamais s’offrir.
C’est ainsi qu’à chaque fin d’année, à l’époque des étrennes, Simone attendait la visite du facteur. Le rituel était alors festif et le choix draconien.
Aussi quand l’employé des postes sortait de sa besace le précieux chargement, l’étalait sur la toile cirée de la table de la cuisine, le temps se mettait entre parenthèses.
Il faut dire qu’il y en avait pour tous les goûts : enfants, chiots ,chatons, chevaux, animaux de la ferme, paysages divers ou reproductions de tableaux célèbres.
Pour cette année qui arrive, Simone aurait beaucoup de croix à y mettre, elle le savait déjà en touchant son ventre. Un garçon, lui avait dit la sage femme. Votre ventre est bien rond, ce sera un garçon.
Si rien ne vient déranger Chronos, voilà une année qui donnera bien plus en neuf mois qu’en douze…
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