
Le temps avait fini par s’écouler, mais comme le ferait une pluie d’avril, sur un sol pauvre, caillouteux et sec. Une pluie qui ruisselle en surface, sans s’infiltrer, et sans venir nourrir en profondeur ce qui pourrait percer, éclore.
Elle ne se souvenait pas avoir jamais mis le nez dehors. Le monde à l’extérieur doit être merveilleux pensait-elle souvent, tout en rêvant depuis sa nuit à la lumière du jour.
Depuis combien de temps était-elle en attente d’une pluie qui irrigue jusqu’à ses racines, d’un soleil qui répand en surface chaleur et joie.
L’espoir malmené, mal armé, finit par ne plus combattre.
Vaste, si vaste, le monde au dehors…
Une peur ancienne, irraisonnée, sourdait en son coeur.
Et si la miraculeuse eau arrivait jusqu’à elle, le soleil bienfaisant venait la réchauffer ?
Ne prendrait–elle pas un risque à sortir ?
Telle une photo qui a besoin d’un révélateur pour prendre la lumière une fois sortie de la chambre noire.
Et qui pour l’attendre au dehors ? Quel jardin pour l’espérer ?
Elle, la fleur de l’ombre et de l’oubli.
À qui sourire, vers qui s’ouvrir ?