« La moindre joie ouvre sur un infini. »
Christian Bobin

Au début on ne sait comment faire. C’est impalpable la joie… ça vous glisse sur le cœur, ça a la fluidité et la grâce de l’aquarelle, quand une fois la couleur déposée sur la toile imbibée d’eau, le pigment se dilue avec d’autres pigments pour finir par flotter dans un bain aux harmonies allant jusqu’à la transparence.
C’est un peu ça le transport de la joie…
On aimerait en fixer le déroulement à son début, en retenir la force afin de la faire ricocher sur les minutes, les heures peut-être… On compte les minutes qui s’égrènent. On voudrait en faire une intime, une confidente, partager avec elle les vicissitudes du quotidien qui s’en trouverait allégé.
Nous accueillons la joie comme on accueillerait une grande dame à la chevelure pailletée d’or et qui laisserait sur son sillage les fleurs d’un jardin inconnu et secret.
Ma joie s’émancipait jusqu’à se déplacer
De mon imaginaire en pays étranger
Je suppliais la joie… voulais la retenir !
En tournant les talons elle éclata de rire.
La joie qui aspirait à voir autre horizon
Quitta sans préavis mon coeur et ma maison
Dans un feu d’artifice allant vers d’autres âmes
Me laissant dépourvue sans l’aura de sa flamme.
Je cherchais le bonheur à défaut de la joie
Fausse route m’a dit une petite voix
Sans la joie le bonheur ne peut être parfait
Ces deux-là vont ensemble intimement liés.
Le plaisir m’a dit : viens ! je vais te consoler
Je ne trahirai pas le nom qu’on m’a donné
Je suis un substitut, un plagiat, un vautour
Tu oublieras la joie, sa promesse d’amour.
La morale de l’histoire :
Pas de cage à l’oiseau, son vol est sa beauté
Sa raison d’exister tient dans sa liberté
Pas de joie qui ne soit libre d’aller, venir
Sans la perdre on ne peut tenter la retenir.