La logique démocratique bousculée.

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Le concept moderne de démocratie est quasiment né avec la science moderne et la rationalité cartésienne. Or, la démocratie porte en elle un germe, une logique, très éloignés de l’idéal scientifique, et décrite par Rousseau en ces termes : « la volonté générale ne peut errer ». Il est pourtant impensable d’imaginer une corrélation entre le nombre de partisans d’une décision et sa validité, au sens scientifique. Quatre vingt dix neufs personnes peuvent se tromper face à un seul qui a raison. La logique démocratique favorise, au détriment d’une vérité pas toujours facile à établir, le choix du plus grand nombre. Bien sûr, il est préférable que les citoyens « suffisamment informés » fassent le bon choix, mais la majorité légitime l’erreur éventuelle.

Aujourd’hui, la logique scientifique l’emporte sur la logique démocratique, et au droit de décider de ce qui est bon pour nous, on a substitué la connaissance par certains de ce qui est bon pour nous. Les experts prolifèrent et la collusion est notoire entre les gouvernants et les techniciens de la machine étatique. La gestion par ceux qui savent l’emporte depuis déjà longtemps sur la politique par ceux qui rêvent.

Et encore, s’ils savaient vraiment, on pourrait accepter que le contrôle citoyen ne s’exerce que pour se rappeler à leur bon souvenir, et canaliser les frustrations des mécontents. Mais la société est devenue trop complexe pour qu’aucun puisse affirmer avoir une solution. Il faut réhabiliter le tâtonnement et l’erreur, exclus de la logique scientifique, mais qui font le charme de l’expérience démocratique. La politique doit redevenir un espace de créativité, celui où sera inventée la société de demain.

Blaise Hersent-Lechâtreux

Extrait

Réflexion sur le modèle politique de la France

Février 2002

 

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En rendant l’âme nous passons la main…

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« Ne meurent et ne vont en enfer que ceux dont on ne se souvient plus. L’oubli est la ruse du diable. »

Rigord moine de l’abbaye de Saint-Denis 1207

 

Une seule empreinte au sol suffit à marquer un passage.

Pourtant, pas plus qu’elle ne pourra résister au vent et à l’usure du temps, nous ne pourrons nous préserver de l’oubli des hommes.

La trace n’est plus visible mais le passage était bien réel.

Il ne suffit pas de ne plus être pour ne jamais avoir été.

Notre existence n’est pas gommée telle une vulgaire page rendue illisible et muette. Nous perdurons en filigrane dans un lien, une filiation d’esprit ou de gènes.

En rendant l’âme, nous passons la main à ceux dont nous sommes redevables de survivre par la grâce du souvenir.

Ne craignons pas l’abîme, il n’y a pas d’abîme hormis dans les yeux qui se ferment à notre présence et ne voient plus de la nuit qu’un ciel privé d’étoiles.

Où va donc se perdre ce qui ne reste pas en surface?

Partout où la lumière s’accroche et fait danser les âmes.

 

 

Souvenez-vous c’est l’heure…

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Chéririez-vous mon nom dans votre intimité

Qu’aucune onde, aucun son, ne viendraient m’habiter

Aux princesses le vent ne chante plus l’amour

Et nous ne vivons plus au temps des troubadours.

 

Les sirènes ne sont plus que simples démons

Et nos amours se noient dans un fond d’illusions

Tout ceci n’est que leurre et piège et tromperie

Du cerveau vers le cœur se frayent nos envies.

 

Rebelle de nos jours est celui qui fait don

De son cœur à l’amour faisant fi de raison

L’enfance reste seule à pouvoir retenir

Du rêve qui s’éteint le poétique expir.

 

Souvenez-vous c’est l’heure où la nuit s’épaissit

Où les âmes s’échappent des corps las endormis

Où les auras se mêlent, épousent leurs contours

Et fusionnent de joie dans un grand bain d’amour.

*

Si tu choisis un arbre.

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Si tu choisis un arbre à qui confier ta peine

Tu n’auras certes pas de réponse en retour

Pourtant regarde bien dans le creux de ses veines

Sa sève s’est mêlée à tes larmes d’amour.

 

Si tu choisis le ciel à qui confier ta peine

Tu n’auras certes pas de réponse en retour

Pourtant regarde bien les nuages retiennent

En leur cœur une pluie née de larmes d’amour.

 

Si tu choisis la mer à qui confier ta peine

Tu n’auras certes pas de réponse en retour

Pourtant regarde bien dans cette vague pleine

C’est bien le même sel dans tes larmes d’amour.

 

Si tu choisis un homme à qui confier ta peine

Peut-être tu pourras recevoir en retour

Un peu de compassion, juste que le temps vienne

Où tu devras sécher toute larme d’amour.

 

Mais si tu choisis Dieu à qui confier ta peine

Alors regarde en toi la réponse en retour

Dans ton cœur, ciel, mer, arbre et homme se contiennent

Là se forme et se brise toute larme d’amour.

 

 » Le mot ne manque jamais quand on possède l’idée. » Gustave Flaubert

Deux dates sur une pierre

Voilà une phrase encourageante pour quelqu’un qui débute en écriture. Je l’entends bien car les idées ne manquent pas à venir me traverser l’esprit. Oui, mais…faut-il encore les saisir au vol, les emprisonner, les travailler, les imager.

Combien d’idées perdues, inexploitées, qui ne sortiront jamais ou si vite transformées en pensées vagabondes qu’elles perdront en chemin leur exigence et finiront, essoufflées, par s’évanouir.

Les mots sont toujours moins que l’image qu’ils transportent, dépassent souvent la pensée qui les a engendrés. Quant à la pensée, son rôle n’est-il pas de rester au service de l’idée, de la mettre en valeur, la développer?

Aux idées pures, il faudrait trouver les mots les plus justes, les plus dépouillés, ne pas les charger en fioritures inutiles. Ne pas les dénaturer. Les laisser dans leur propre respiration , celle du large de la haute mer.

Les mots, et les livres dont ils sont constitués, viennent à nous quand nous sommes prêts à les recevoir, l’écriture n’arrive pas par hasard non plus. Qui va la chercher ne la trouve pas toujours. Il vaut mieux la laisser venir à nous, telle une amoureuse libre d’aller et venir.

Caresse des mots

Exprimer l’inexprimable

Poésie intime.

 

Dépasser l’idée

Transcendée par le poète

Amoureux du mot.

 

Un inconnu, une illusion…

Surgit une silhouette au détour d’une rue

Avec ta façon d’être…ton profil…ta tenue

Mon cœur se serre, une illusion brouille ma vue

Je ne vais plus…suis suspendue…mon âme à nue

 

Suis aux aguets de ton image, ton allure

Sur un vélo ou passager d’une voiture

Pourtant mon fils, nous savons bien que c’est mirage

De toi si soif, de toi si faim, dans ce voyage!

 

Je suis happée, le temps figé dans ce hasard

Suis engloutie, je ne suis plus que mon regard

Un inconnu, dans une rue, qui te ressemble…

Faux négatif, d’un souvenir que je rassemble.

 

Lui, déjà loin, ne saura rien de l’émotion

Du souffle d’air dans ce désert qu’est ma prison

Demain peut-être…autre inconnu, autre présence

Brise un instant, le rideau blanc de ton absence.